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Publié le 10 novembre 2006 par Raymond Viger

Ses parents sont placés en foyer d’accueil mais son père est incapable de s’adapter à son nouvel environnement. «Je l’ai repris à la maison. Pendant 3 ans. Je suis devenue épuisée. J’en ai parlé à mon père. Il m’a fait un beau cadeau: il m’a dit je pars pour ton bien-être.»

Béatrice commence alors un voyage intérieur. Elle va à sa propre rencontre. «Avant 50 ans, on organise sa vie à l’extérieur, pas à l’intérieur», affirme l’octogénaire qui en a long à raconter sur la vie. «Je trouve que le monde d’aujourd’hui n’est pas beau. Mais j’ai toujours confiance. Il faut travailler sur l’individu. Je n’en reviens pas comme on est savant de nos jours. Nous avons plein de connaissances mais, en même temps, on ne sait rien sur soi.»

Dans son livre, Sur le chemin de notre vie, Béatrice estime vivre dans une société technologique déshumanisante. «Si la société a haussé le niveau de vie, elle a aussi abaissé la qualité de vie et nous en sommes tous conscients. Les valeurs humaines qui donnent un sens à la vie ont été englouties dans une débâcle du progrès.» La vie extérieure va si vite que l’on oublie notre essence. D’où la perte de nos valeurs.

Après avoir compris qui elle est, trouvé la sérénité, Béatrice a voulu communiquer aux autres comment reprendre possession de leur vie. Sans raconter ses malheurs, sa vie. Simplement dire aux gens, aux jeunes, qu’ils ont la possibilité de se prendre en main. «Ils ne savent pas comment. La société nous amène toujours à fuir notre vie intérieure, nous force à sortir de la réalité, vers l’extérieur. Je ne fais pas le bien, j’informe. Comme on m’a informée quand j’avais une dépression.»

Malgré les histoires d’horreur qui composent notre quotidien, Mme Amiot ne pense pas que le monde soit méchant. «Le monde est souffrant, nuance-t-elle. C’est pour ça que certains deviennent méchants. Nous enseignons aux gens toutes sortes de choses. Sauf la plus essentielle: la vie.»

Béatrice renchérit: «Il faut travailler sur la cause du problème. Qui est responsable de cette misère? Je pense que les adultes ont une grande part de responsabilité. C’est nous qui avons créé cette société. On a créé une société de misère pour nos enfants. Arrêtons de nous péter les bretelles, descendons de notre piédestal.»

Les familles éclatées sont pointées du doigt. Les séparations, l’absence de valeurs familiales, autant de raisons expliquant la perte de repères. Mme Amiot relate une rencontre avec un jeune fraîchement sorti de prison, il y a quelques années. Lui enfilait juron par dessus juron, elle écoutait patiemment. Sa seule question: «Pourquoi agis-tu comme cela?» Malgré la différence d’âge, elle lui a fait réaliser qu’il était bon, qu’il avait du potentiel mais qu’il l’utilisait mal. «Je l’ai revu. Il a un fils de 3 ans. Il m’a dit: je vais en faire un homme comme vous avez fait un homme de moi.» La voix de Béatrice est fière. Pas en raison de son rôle dans le mieux-être du jeune homme. Juste de le savoir heureux. «C’est drôle, je n’ai pas encore rencontré de monde qui n’était pas intéressé à se rencontrer. Ils ne savent juste pas comment.»

Il n’y a pas de solution miracle, pas de théorie, insiste Béatrice. Personne ne peut dire aux autres quoi faire. Surtout quand il s’agit de leur vie. Le travail sur soi doit venir de la personne elle-même. L’idée est simple: pour vivre sa vie, il faut se connaître. Y parvenir semble plus compliqué…

Pour se procurer Sur le chemin de notre vie, contacter Mme Amiot au (450) 743-4561 ou communiquer avec le Centre des aînés de Sorel-Tracy.

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