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Publié le 10 novembre 2006 par Raymond Viger

La pauvreté du Québec: un leurre?

Le discours omniprésent, en ce moment, est que le Québec est pauvre. Qu’il croule sous les dettes. 118 milliards $, voilà où nous en sommes. Tant les politiciens que les économistes, en passant par les gens d’affaires et les journalistes, nous martèlent de prévisions alarmantes. Ils jouent avec les sentiments de la population: il faut régler le problème de la dette pour le bien-être de nos enfants.

Pourtant, la dette, depuis 8 ans, est passée de 52% à 43% du produit intérieur brut (PIB). Cet indice mesure la richesse que nous produisons. Le PIB, c’est notre pouvoir d’achat. En moins de 10 ans, on a baissé la dette d’environ 10%. Par exemple, un individu qui a une dette de 5 000$ et un salaire de 10 000$, aura davantage de difficultés à rembourser qu’un autre qui doit 10 000$, mais dont le salaire s’élève à 25 000$. Ce dernier a une dette 2 fois plus grande que le premier. Mais son pouvoir d’achat est également plus grand. C’est la même chose pour le Québec. Notre dette augmente – 3 milliards par année -, mais notre richesse s’élève encore plus vite. Parce que notre économie, quoiqu’en di-sent nos élites politiques et économiques, roule bien.

De plus, jamais notre gouvernement avait si peu dépensé dans ses programmes, par rapport à son pouvoir d’achat. Les dépenses sont à leur plus bas depuis les 35 dernières années. Autre fait, les Québécois quittent les classes pauvres. Entre 1998 et 2003, 250 000 Québécois ont amélioré leur sort, quittant les bas-fonds salariaux. Le nombre de riches a également augmenté. La classe des 100 000$ et plus a presque doublé dans le même intervalle.

Et nous sommes pauvres? Non. C’est un mensonge concocté par les élites économiques et politiques. Il y a consensus entre les deux cliques dominantes, le politique et l’économique. Le politique reçoit une nouvelle source de revenus, l’économique accepte, parce qu’il n’aura pas à payer pour les services.

À qui profitera le Fonds des générations?

Les babyboomers sont à l’aube de leur retraite. C’est eux qui ont endetté l’État. Maintenant qu’ils prennent leur retraite, aux frais du contribuable, ils veulent désendetter. Pourquoi? Il va y avoir une baisse considérable du nombre de contribuables. Les statistiques sont claires à ce sujet. Alors les élites craignent pour leurs privilèges. S’il y a moins de travailleurs et que la dette provinciale augmente, qui paiera leurs retraites? Qui paiera pour leurs soins de santé, eux qui vont prendre de l’âge?

La dette est un enjeu uniquement pour les fonctionnaires qui ont une rente assurée par le gouvernement pour les 40 prochaines années. Ces gens ont profité de la Révolution tranquille pour obtenir ce que les générations suivantes n’auront pas: une retraite ou une rente assurée par l’État. C’est pour ça qu’ils veulent la rente naturelle (la taxe sur l’eau) d’Hydro-Québec. Parce qu’elle est plus fiable que les revenus de taxation et d’imposition en raison du bassin des contribuables qui va diminuer.

Que faire des revenus magiques d’Hydro?

Tranquillement, avec le temps, Hydro paie ses barrages comme certains ont terminé de payer leur maison. Avec le prix de l’électricité qui augmente, ça signifie que les surplus de ces barrages, dont l’hypothèque est payée, ne cesseront pas d’augmenter. On appelle ce revenu une rente. On gagne ce revenu sans travailler et sans investir. Surtout, cette forme de taxation, le Fonds des générations, n’a pas d’impacts sur le prix de l’électricité dans le futur. Si Hydro-Québec augmente ses tarifs, c’est uniquement parce que la société d’État veut augmenter ses profits.

Logiquement, cette source croissante de revenus faciles doit supporter les faibles du système de santé plutôt que les élites, qu’elles soient politiques ou économiques. Sécurisons le réseau des CHSLD et les services prioritaires des réseaux locaux. Tout l’enjeu est là. Les stratégies des élites, tant économiques que politiques, consistent à faire payer le peuple ordinaire pour les services de santé aux vieux et aux pauvres.

L’effet sera de dégager des budgets pour de nouveaux services et équipements en santé, principales victimes des resserrements budgétaires. Les élites, sans ce fardeau, pourront se concentrer sur leur tâche d’élite, qui consiste à créer la richesse et non à s’en emparer.


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