Magazine

journaldelarue

Publié le 11 novembre 2006 par Raymond Viger

Évidemment, on a toujours un choc culturel lorsque l’on intègre une nouvelle communauté. On ne sait pas trop où se mettre, et on ne comprend pas toujours ce qu’on nous dit, surtout en inuktitut (langue inuit).

Très tôt, je me suis lié d’amitié avec mon voisin Meaken, un garçon d’origine crie. Lui, c’est pas compliqué, il se faisait tabasser tous les jours par les autres enfants. La raison? Les Cris et les Inuits se font la «guerre» depuis des milliers d’années. Il y a longtemps, les Inuits ont voulu descendre dans le sud du Québec, mais les Cris n’ont jamais voulu. C’est pourquoi Meaken se faisait appeler «indian», avant de se faire lyncher avec des balles de neige.

Pendant les premiers mois, j’ai eu droit à toutes sortes d’initiations plus ou moins heureuses. Je me rappelle d’une expérience mystérieuse lors d’une récréation, à l’école. Sans crier gare, une dizaine d’Innus m’ont entouré. Ils se sont penchés et ont foncé tête première sur moi, en allant et venant tout doucement. Il n’y avait là rien de violent, mais cela m’a complètement sidéré. Que me voulaient-ils? Des années après, j’ai enfin compris ce petit rituel. En fait, ils ont voulu me dire: «tu es différent».

En m’entourant, en en se penchant, ils m’ont «séparé» du groupe. En me fonçant dessus, ils m’ont dit «t’es ben correct, mais tiens-toi droit». Ce que j’ai fait. En général, mon séjour s’est très bien déroulé. Avant de me faire des amis, j’ai pris soin de rester en retrait pour bien comprendre les règles du jeu. Dans ce contexte, l’important est de ne pas foncer comme une tête brûlée. Mais j’ai quand même été chanceux, parce que mon père travaillait à l’école… Tout le monde le connaissait, car il enseignait la musique.

Mais, lui aussi, il a passé dans le collimateur. À la fin des cours, il donnait des petites leçons d’astronomie, expliquant aux jeunes que la Terre était ronde et que le système tournait autour du soleil. Ça avait fait un tabac d’enfer parce que, pour eux, Galilée, il ne valait pas le pet d’un caribou mort!


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Raymond Viger 488 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte