«Le but n’est pas de peser sur la tête des gens, mais de les aider à s’en sortir. Un projet trop petit n’est pas intéressant pour les banques. Mais, la personne peut très bien en vivre», assure Nataly, d’un ton convaincant.
«On conseille, on guide, mais on ne décide pas pour les gens, affirme candidement Audrey. Pour nous, réussir avec quelqu’un, ça ne veut pas dire que le projet sera réussi. La personne aura peut-être réintégré le marché de l’emploi, se sera remise en action, poursuivra ses études. Cette année, 155 personnes sont passées par ici. Ce n’est pas tout le monde qui aime l’approche ou qui a un projet viable.»
Le Fonds n’est pas qu’un outil de financement. Avant d’obtenir un prêt, le demandeur aura été accompagné par l’une des deux femmes. «Avant, pendant et après, on soutient les personnes pour toutes les composantes de gestion d’entreprise, explique Nataly. La personne vient nous voir, on l’aide à peaufiner son projet, cibler sa clientèle, s’assurer que le projet soit viable», poursuit la jeune femme. Elle précise qu’avant d’émettre un prêt, un suivi de 6 à 12 mois est nécessaire. Une fois le financement octroyé, Audrey donne son expertise pour des stratégies marketing.
En ce moment, le Fonds accompagne 26 entreprises. Le taux de remboursement atteint 97%, au dire de Nataly. «De plus en plus, on tend à ce que les prêts soient remboursés en deux ans. Mais il n’y a pas de contrat fixe. On peut s’adapter. Ce ne sont pas de gros prêts!»
Le Fonds, créé en 1996 par la communauté des Eudistes, se remplit de lui-même. L’argent remboursé, sans intérêts, est réutilisé au profit d’autres projets. La moyenne des prêts avoisinerait 2900$.
Plusieurs se découragent, en raison de l’ampleur de la tâche, avant l’obtention du prêt. «Leur motivation première est financière. Ils pensent se faire de l’argent en créant leur entreprise… Nous, on veut qu’ils s’en sortent. Pas qu’ils s’enfoncent. Alors, plusieurs se découragent en cours de route», reconnaît Nataly, qui n’a octroyé que six prêts en un an.