journaldelarue

Publié le 11 novembre 2006 par Raymond Viger

Pour bien le préparer, il faut oublier la façon habituelle de cuisiner, car elle n’est pas adaptée. Toutes les règles ont changé. Ce qui est bon pour préparer un mets local ne l’est pas pour un mets international. Il faut donc cuisiner avec l’esprit ouvert, en étant conscient qu’un simple geste peut avoir des retombées insoupçonnées. La difficulté est de composer soi-même sa recette avec d’autres techniques que celles qui ont fait leurs preuves localement.

Premier ingrédient de base: le canal de communication

Pour être dans la mondialisation, il faut communiquer avec quelqu’un quelque part! Il n’y a pas de règle précise, il s’agit simplement de se faire connaître, d’exister mondialement. Les moyens de communication sont variés. À l’époque, nous avions le chemin de fer ou le bateau à vapeur. On échangeait des produits, essentiellement des ressources naturelles. Aujourd’hui, il y a Internet, le téléphone, les regroupements qui agissent en réseau un peu partout sur la planète…

Pour maximiser la saveur du canal, il faut s’insérer dans la nouvelle géométrie de la mondialisation. Pour cela, il faut comprendre sa propre géométrie. Prenons l’exemple de Gaspé. À l’époque, l’économie était de nature territoriale. L’Amérique du Nord s’est d’abord colonisée à Gaspé. 100% de l’économie du territoire s’y trouvait. Ensuite, l’économie s’est déplacée. Gaspé est devenue trop éloignée.

Dans la nouvelle économie, le territoire n’existe plus. L’endroit où l’on se trouve a moins d’importance. On peut, aujourd’hui, relier sans frais un point à un autre. En autant qu’il y ait de l’énergie entre les deux. Les gens de Gaspé doivent donc oublier les notions de loin ou de proche. La mondialisation peut exister n’importe où. Lorsque le Cégep de Gaspé envoi ses enseignants au Chili ou au Mexique, pour y apporter leur expertise en matière de tourisme d’aventure, la distance n’est plus un facteur d’échec.

C’est là, le point critique. Une fois que le projet décolle, ce n’est plus un cours de Cégep. Oui, l’idée est partie d’un cadre traditionnel de l’éducation. Mais il faut en sortir pour créer une croissance et un développement pour ce projet. Qu’est-ce qui peut tuer ce beau projet? Les idées anciennes, toujours en vigueur, qui tournent autour d’un territoire, d’un cadre bien défini. Par exemple, penser que le profil Tourisme d’aventure ne peut pas déborder Gaspé. Ou encore que ce projet soit limité à l’éducation.

Deuxième ingrédient: l’énergie

L’énergie vient du désir des êtres humains. Je divise les gens en deux catégories. Les fins, qui ont un plan d’affaires, et les fous, qui sont portés par un rêve, une vision. Et les exemples récents de réussite me laissent penser que les fous sont en avance, au Québec! C’est génial de voir qu’avec la mondialisation, il y a de la place pour tout le monde. Que ce soit Daniel Langlois, Céline Dion ou encore Guy Laliberté, ou même des gens qui ont peu de scolarité, tout est possible. Tant que l’on possède deux éléments: une énergie intérieure phénoménale et un rêve à poursuivre!

On peut mondialiser n’importe quoi. Il s’agit d’entrer dans le canal. Mais ça prend une énergie personnelle, qui elle engendre une énergie collective. Juste à regarder le Cirque du Soleil: sorti directement de la folie de Guy Laliberté, le Cirque est aujourd’hui porté par l’énergie de plusieurs personnes. En bout de ligne, l’énergie est considérable.

Pour Gaspé, l’exportation du profil Tourisme d’aventure va rapporter de nouveaux échanges sociaux avec d’autres cultures, un lien direct avec d’autres régions, une visibilité non seulement pour le Cégep, mais pour la communauté, de nouvelles collaborations commerciales. Pour finir par la création de richesse. Voilà les possibilités qu’offre la mondialisation. Voilà les possibilités qu’offre le Cégep de Gaspé. Encore faut-il avoir l’ouverture pour imaginer l’inimaginable!