Gaspard Noé nous invite dans un trip, une expérience intrigante, parfois fascinante et à coup sûr éreintante. Un coup de poing dont on ne se remet pas. Enter the Void.
Dès le début du film le décor est planté par un générique agressif avant d’entrer dans la tête d’Oscar. Un jeune dealer qui verra son existence basculer de l’autre côté. En effet, après un trip à la DMT dans son petit appart’ à Tokyo, Oscar est tué par balle. Un choc violent, en particulier quand c’est le spectateur qui prend ça en plein coeur. Car c’est là la force du film. Gaspard Noé nous place en vue subjective. On est littéralement dans l’esprit d’Oscar et même plus, à la place de son âme. Durant cette première partie, on vit déjà l’existence du héros, de son délire rappelant le trip chamanique de Blueberry à sa mort brutale dans un bar mal fréquenté.
Pour comprendre cette oeuvre, il suffit d’entrer dedans et de saisir la portée du Livre des Morts Tibétains dont s’inspire le réalisateur franco-argentin, responsable du sulfureux Irréversible. Cette fois, pas d’ultra violence mais une vision choc. Par sa manière de filmer totalement hallucinante, Gaspard Noé nous fait vivre cette expérience viscérale de la mort.
Bien évidemment on pourrait parler de l’extraordinaire travail sur la technique, en phase complète avec le discours. Que ce soit le son, lourd et pesant, ou l’image et ses plans séquence aériens extrêmement bien choisis et en même temps d‘une fluidité naturelle telle qu’on ne peut qu’être embarqué dans ce voyage dans l’au-delà sous acides japonais. Mais en fait, peu de mots peuvent raconter le film.
Reste maintenant à savoir si vous serez prêt à en faire l’expérience difficilement soutenable. Car même plusieurs jours après sa vision, il est impossible de sortir cet OFNI (Objet Filmé Non Identifié) de son esprit. C’est bien là la marque d’une œuvre qui se révélera incontournable. Enter the Void est un trip sensoriel à ranger entre les deux claques cinématographique de Darren Aronofsky (Requiem for a Dream) ou Stanley Kubrick (2001).