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“Metropia” : la forme sans fond

Par Kub3

Lorsque les Têtes à claques rencontrent Georges Orwell, ça donne Metropia, ovni du cinéma. Une atmosphère pesante et un graphisme surprenant, mais un scénario décevant.

“Metropia” : la forme sans fond

On ne vous dira pas de courir au cinéma. D’ailleurs on ne sait même pas quand le film sera à l’affiche en France. Metropia, pour le moment seulement sorti en Suède, n’en fait pas moins ici ou là quelques apparitions , d’un festival à l’autre. Nous, c’est à l’occasion de la Fête de l’animation de Lille, en mars dernier, que nous avons pu le voir. En attendant que le film trouve un distributeur par chez nous, cela vaut néanmoins le coup d’en parler.

Nous sommes en 2024. Un métro ultra-rapide relie désormais les métropoles européennes, si bien que l’on peut aisément se réveiller le matin à Paris, partir travailler à Rome et aller ensuite manger un morceau à Prague. La belle vie quoi.

Mais Roger lui n’est pas de cet avis. Cet employé dans un centre d’appels téléphoniques, habitant en banlieue de Stockholm, fuit le réseau comme la peste. Pourtant, un jour, il est bien obligé de l’emprunter pour aller travailler. Il commence alors à entendre des voix à l’intérieur de son crâne, qu’il semble être le seul à pouvoir percevoir. C’est ensuite qu’il rencontre Nina, ambassadrice pour une marque de shampoing, qui va lui ouvrir les yeux sur la conspiration qui se prépare : Trexx, la compagnie à l’origine du métro tentaculaire, cherche en effet à espionner les citoyens jusque dans leurs pensées au moyen d’un shampoing maléfique. Celui que Nina représente, justement.

Vous n’avez rien compris au scénario ? C’est normal, ça ne tient pas la route.

Paranoïa, contrôle psychique, surveillance omniprésente, bureaucratie mangeuse d’hommes… Metropia s’inspire très fortement de 1984, de Georges Orwell, ainsi que de Brazil, de Terry Gilliam. Certes,  souligner la proximité d’un film avec l’œuvre d’Orwell n’est pas en soi motif de critique, puisque ce de rapprochement peut se faire  avec la quasi-totalité des films de ce genre.

Il n’empêche, le scénario est bien faible. Si l’idée du métro à échelle européenne séduit, celle du shampoing prête plutôt à sourire. Déjà biscornue, la révélation tombe en plus comme un cheveu sur la soupe.

On l’aura compris, ce n’est pas dans l’histoire que réside l’intérêt de la pellicule.  Outre son casting (Vincent Gallo, Juliette Lewis, Stellan Skarsgard prêtent leur voix aux personnages), ce qui frappe surtout dans Metropia est son graphisme. Pour son premier long métrage d’animation, Tarik Saleh a choisi d’emprunter une technique  peu commune, popularisée par les Têtes à claques. Elle consiste à filmer un visage réel pour  n’en garder que les lèvres et les yeux, lesquels sont ensuite superposés à une poupée. Ici bien sûr l’image est davantage travaillée que dans la série québécoise, cherchant notamment à obtenir plus de profondeur.

Mais le résultat est là : comme chez les Têtes à claques, les personnages sont un mélange d’images réelles et d’images de synthèse, et se retrouvent avec des têtes un peu trop grosses par rapport au reste du corps. C’est ce qui leur donne ce côté légèrement naïf : la disproportion entre la caboche et son support est en effet souvent utilisée pour représenter les bébés, comme chez Disney par exemple. Or, y a-t-il plus fragile et ingénu qu’un nourrisson ?

D’un point de vue plus général, l’effet visuel est étonnant. Tarik Saleh nous plonge dans un univers glacial et sombre, les images étant quasiment toutes en noir et blanc. La technique utilisée vient alors renforcer ce sentiment, donnant l’impression d’une perspective étriquée, à l’image de l’avenir peu radieux qui s’offre aux personnages.

En bref, Metropia est un film dont la forme est suffisamment atypique pour valoir le coup d’œil, mais dont le fond n’est pas des plus intéressants. Quand on vous parlait d’ovni…

affiche-metropia

Metropia

Date de sortie en France : inconnue

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