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Sorties ciné de la semaine : une "séance" light

Publié le 05 mai 2010 par Petistspavs

Bon anniversaire Monsieur Jean Rochefort, vous qui, homme de talent, d'intelligence et d'une extrême courtoisie avez fait tant d'honneur au cinéma français. On vous respecte et on vous aime !

Mes activités non forcément indispensables, parfois même dispensables, voire peu pensables, un peu sable qui éparpille le temps, qui ne produisent qu'un minimum de blé en regard de mes besoins, me privent du plaisir de vous livrer une vraie Séance du mercredi mercredi. Cette séance sera donc allégée cette fois (est-ce d'ailleurs plus mal ?). Avec, en fond musical, un extrait du film de Pascal Chiha, Domaine, défendu ici la semaine dernière. Cette musique, sombre et onirique, signée Milkymee (en fait Emilie Hanak), est une des très bonnes raisons de voir le film, l'autre étant la présence envoutante de Béatrice Dalle.

Mieux découvrir Milkymee sur Deezer.

Pourtant, il y a Lola de Brillante Mendoza, le brillant cinéaste philippin qui poursuit, dirait-on, l'égrenage de ses perles filmiques. Voici quelqu'un qui, issu de la pub, fait face aux laideurs de son pays, à sa violence, en renouvelant le film noir social. Ici, sa Lola a une petite tronche de Mother, le très beau dernier Bong Joon Ho, mais avec une génération de plus. De Corée nous arrive Les Femmes de mes amis, le nouvel opus de Hong song soo, l'homme qui aimait filmer les femmes (Woman on the beach, La Vierge mise à nu par ses prétendants - hommage direct à Duchamp) qui s'annonce passionnant. Certains privilégieront le psychédélique (ou donné pour tel) Enter The Void, le nouveau provoc-toy endoscopique de Gaspar Noé  (si un coït filmé de l'intérieur du vagin vous excite réellement...), moi non.
Femmes du Caire de Yousry Nasrallah (Egypte), "vue en coupe de la condition féminine dans l’Egypte contemporaine à travers le portrait d’une journaliste télé engagée et féministe" selon Les inrocks, m'a tenté dès la bande-annonce. Serge Kaganski en dit notamment : "Film superbe, intense, puissant, féminin et féministe, Femmes du Caire doit autant au défunt “Jo” [Youssef Chahine, dont Nasrallah est considéré comme le disciple inspiré] qu’à Sirk, Bergman ou Almodóvar". Il conclut : "Dans le contexte égyptien, Femmes du Caire est un brûlot politique et sensuel – politique parce que sensuel. A l’heure des débats occidentaux sur la burqa, c’est aussi un film qui résonne fort chez nous, offrant un regard arabe, laïque et féministe sur les relations homme-femme". Je l'ajoute volontiers à mes choix de la semaine.

Au sein d'une chronique "de plein exercice", la reprise de Crime passionnel (Fallen angels), film peu connu dans lequel Otto Preminger retrouve le ténébreux Dana Andrews (Laura), ici aux côtés de la fatale Linda Darnell aurait eu toute sa place. Evidemment, ça se passe à l'indispensable Filmothèque du Quartier Latin.

L'IMAGE DE LA SEMAINE

J'espère que je vous ai frustré en publiant l'affiche de Crime passionnel en petit format non cliquable. Bien sûr, cette affiche, créée pour la reprise de ce film assez méconnu du grand OTTO, est suffisamment troublante pour être consacrée Image de la semaine. La voici en un format convenable.


Sexy, non ?

ON EST PAS DES CHARLOTS : LES CHAPLIN DU MOMENT


Nuits d'ivresse printanière de Lou Ye

Ce film tourné clandestinement à Nankin,
nous montre une jeunesse chinoise avec la liberté d'une
Nouvelle vague qui n'a plus de contrainte technique pour tourner,
puisqu'un simple caméra DV numérique suffit. Et elle se glisse partout.
Pied de nez à la censure bureaucratique, Nuits d'ivresse nous révèle qu'avec ses
téléphones portables, ses verres de trop, ses bagnoles, ses copines ou copains, la
jeunesse chinoise vit, aussi mal, aussi bien, mais pareil que les autres jeunesses du monde.

Mammuth de Gustave Kervern et Benoît Delépine

Une révélation pour moi qui ai vu le film un peu par hasard.
Kervern et Delepine dont Louise.Michel, malgré de beaux moments, ne
m'avait qu'en partie convaincu. Mammuth n'est une comédie qu'en apparence,
parce qu'il faut bien rigoler, mais ce film empathique dénué de pathos charrie des
torrents de tendresse pour ses personnages, des laissés pour compte, des paumés
un peu cons, sans doute (mais la fausse scène du bac philo est une claque aux petites
mauvaises odeurs de la compassion bien pensante). Leur vie de merde, ils ne l'ont pas
choisie et il faut bien qu'ils s'en arrangent. Dans ce film de copains [cf. les participations
de Siné, Dick Annegarn, Poelvoorde, Adjani, Mouglalis pour de simples apparitions
(surtout Adjani...) et de Gaêtan Roussel pour la musique folk-road movie (il était
l'auteur de la musique de Louise.Michel)], je souligne deux performances
d'acteurs. En tout premier lieu, Gérard Depardieu est à pleurer (et je ne
me suis pas privé). Comme d'habitude, c'est Les inrocks qui en parle
le mieux (Axelle Ropert). De Gégé, elle écrit : "Il se contente de se
tenir jeté là, boucher attendant la saucisse dernier cri comme
l’arrivée du Messie, absorbant toute l’imbécillité du monde et
la restituant digérée, comme un homme dont le seul métier
serait de vivre avec une douceur qui vous fait venir les
larmes aux yeux
." On ne peut parler plus justement
d'un Depardieu qui porte sa crêtinerie comme un
manteau qui gêne aux entournures et dont il ne
se débarrasserait pas sans l'entremise d'un
ange, Miss Ming, sa nièce dans le film,
dont chaque mot, chaque image agit
tel un baume contre le désespoir.
Miss Ming invente un monde
à la mesure de nos rêves
les plus doux.

La Reine des pommes de Valérie Donzelli

Mon film côté coeur du semestre résiste
dans quelques salles et à des heures dégradées.
J'aime la Donzelle, qu'y puis-je ? Quand à sa Reine
des pommes, elle est aussi légère, gracile et parisienne
que Mammuth est massif et rural.  Mais ces personnages,
aussi dissemblables soient-ils, n'ont-ils pas en commun
une sorte de lenteur à regarder le monde, une sorte de
filtre, de voile, qui les éloigne de la réalité, mais
les en protège, finalement. Les deux parvien-
dront à insérer leurs rêves et leur douce
lenteur dans le monde réel grâce à
une rencontre très sentimentale.
J'espère qu'ils vivent heureux

Domaine de Patric Chiha

Ce premier film modestement réalisé relève parfois de la rigueur mathématique de son héroïne. Si le filmage est rigoureux, parfois presque froid, les comportements sociaux, sentimentaux et érotiques divergent fortement de toute norme. J'ai hésité à concéder quatre Chaplin (l'égal, en reconnaissance, de ce que j'accorde à ma chère Reine des pommes), en raison d'une certaine afféterie qui altère certaines scènes de nouba et impose une distance. Quelques scènes, dans une boite homo, rappellent terriblement des scènes similaires de Nuits d'ivresse printanières et le film en souffre quelque peu, tant Lou Ye sa su les rendre flamboyantes. Mais en matière de flamboyance, la démarche de Béatrice Dalle, dans le parc ou les rues de Bordeaux, emporte tout, comme si elle se tenait absolument droite, après un dernier verre de trop, au dessous du volcan. A voir aussi pour la beauté lancinante de la musique de Milkymee.

Rappel : cliquer sur les titres de films,
pour le programme des séances.

FOCUS

Cinéaste éclectique, réalisateur de l'inénarrable (mais formidable à mon sens) Corsaire rouge (The crimson pirate, 1952) avec l'infatigable sourire du bondissant Burt Lancaster, Robert Siodmak s'est laissé aller à des confiseries passées de mode (Katia, avec la Romy Schneider encore sissiante de ses débuts), mais s'est surtout illustré comme un des grands du film noir expressionniste. Les tueurs (The killers, 1946), avec le sombre Burt Lancaster et surtout Pour toi j'ai tué (traduction littérale de Criss cross, 1948) avec le magnifique Burt Lancaster, en témoignent dans leur sombre beauté. A (re)découvrir à la Cinémathèque.

Bonne semaine, bons films !


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