André Croteau
Libre Expression
759 pages
Résumé:
Un lieu enchanteur, celui de Rivière-Boyer sur les bords du Saint-Laurent. Des personnages bien enracinés, ceux de la famille Bouffard, agriculteurs amoureux de leur terre. Et une époque pleine de promesses, celle du début du XXe siècle. Tandis que le siècle répand ses bienfaits et ses épreuves sur un Québec tiraillé entre la tradition et la modernité, Réjeanne Bouffard, une héroïne de 22 ans forte et belle, courageuse et fière, s’épanouit, aime et cherche sa voie. Réjeanne Bouffard, la femme, l’institutrice puis l’amoureuse nous entraîne dans les sillons de sa vie, à la découverte d’un monde qu’on ne quitte qu’à regret.
Mon commentaire:
Ce roman d'André Croteau est une merveilleuse surprise. Je n'avais pas vraiment d'attentes en l'ouvrant et j'espérais passer simplement un bon moment de lecture. La couverture n'est pas très avenante et le titre, laisse présager un roman facile à l'eau de rose. Ce n'est pas le cas. Le roman est une vraie saga familiale, très bien écrite et étoffée d'informations sur l'époque. Les pages - plus de 700 - défilent à une vitesse folle. Les personnages sont très attachants, c'est à regret que l'on tourne la dernière page.
Avec ce roman, nous plongeons dans le Québec du début du XXe siècle. L'époque est en plein changement. Le début du roman nous raconte l'installation de la famille Bouffard à Rivière-Boyer, à travers les générations, avant de s'attarder sur la famille de Cyrille, un bon père de famille, qui meurt dès le début du livre. Il laisse une ferme en pleine expansion, une femme inconsolable qui n'a vécu que pour lui, des enfants qui ne savent pas trop comment orienter leurs vies et des parents vieillissants. La famille Bouffard doit donc prendre des décisions et tracer peu à peu son existence vers l'avenir.
La famille est tissée serrée, comme l'étaient d'ailleurs la plupart des familles de l'époque. L'auteur a su nous raconter une histoire divertissante qui ferait d'ailleurs une très belle série télévisée dans la lignée des Filles de Caleb et autres sagas historiques. Les descriptions sont très visuelles, le lecteur ayant l'impression de voir la ferme, les lieux, le village et d'y passer un moment en compagnie de gens très intéressants. L'auteur a bien su implanter son histoire dans l'époque où elle se déroule. Il en profite d'ailleurs pour traiter de plusieurs sujets des plus captivants à travers les passions, le travail ou les intérêts de ses personnages. Réjeanne est institutrice et se bat pour créer un regroupement d'enseignantes afin de faire valoir ses droits et celles des autres femmes. Avec Pierre, nous sommes témoins de l'évolution des pratiques agricoles, des innovations afin de permettre aux fermes de prospérer et non plus de n'être que source d'auto-suffisance. Nous vivons également, à travers les autres personnages, d'autres facettes du début du XXe siècle: la guerre, la conscription et la désertion, la contrebande d'alcool, l'ébénisterie, les pratiques de la religion de l'époque et les mentalités, la ruée vers l'or, pour ne nommer que celles-là.
Les bourgeons de l'espoir est une saga familiale passionnante, bien écrite, qu'on quitte à regret. L'auteur, qui a à son actif d'autres ouvrages sur la faune, la flore et la nature, nous offre ici son premier roman. J'espère qu'il récidivera car son roman est excellent, en plus d'être un portrait vivant de toute une époque. À lire!
Un extrait:
"La fête de mai 1914 connut un succès plus grand encore que toutes les précédentes. Comme chaque année, on avait, le troisième samedi de ce mois, célébré l'espoir. Car l'espoir était permis. Personne ne faisait fortune mais, d'un coin de terre, on pouvait toujours arracher son pain et celui de tous les enfants que la Providence vous envoyait. À l'école du rang, on pouvait apprendre les rudiments du français et du calcul. Si, à coup d'épargne et de sacrifices, on réussissait à faire passer un fils par le petit séminaire, il pouvait devenir notable. Et puis il y avait maintenant ces industries nouvelles qui promettaient de créer de la richesse. On fêtait un jour, un soir, et on reprenait le collier le jour suivant. Mais on le faisait avec coeur parce qu'on avait fêté." p.245