" J'étais à Sarajevo pendant le siège de la ville. J'ai été frappé par le fait que plus les affaires des hommes se détériorent, plus la maîtrise qu'ils exercent sur leur propre destin se relâche, plus les chiens errants se manifestent... On remarque leur présence, mais ils ne sont pas nécessairement plus nombreux... La suspension des activités humaines normales entraîne l'arrêt de la circulation automobile, de la production industrielle, la fermeture des commerces... Ca laisse une très grande marge de manoeuvre aux chiens... Une ville en guerre est généralement très silencieuse : après les périodes de combat très bruyantes, on vit de longs intervalles de silence... Dans cette absence de sons tout à fait inhabituelle, on distingue des choses que l'on remarque moins d'habitude comme les chants d'oiseaux, les aboiements de chiens errants ou non. A Sarajevo, il y avait parfois la nuit des concerts de chiens formidables ! "
Jean Rolin : extrait d'entretien pour le magazine Transfuges n°28, mars 2009
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http://www.evene.fr/celebre/biographie/jean-rolin-6190.php