journaldelarue

Publié le 27 novembre 2006 par Raymond Viger

Vol 15-2, octobre 2006

Système carcéral à deux vitesses
Jean-Pierre Bellemare

J’ai habité plusieurs maisons de transition. Les écarts entre le privé et le public sont énormes. Une maison de transition privée: trois intervenants pour dix-huit pensionnaires. Des ordinateurs datant quasiment de la guerre. Une maison de transition publique: 18 intervenants pour 30 pensionnaires. Chacun a un ordinateur des plus performants. L’espace de cuisine pour les intervenants est plus grand que les espaces réservés aux prisonniers.

Aussi, je trouve que le système carcéral est comme une entreprise privée. Actuellement, il y a moins de prisonniers. Au lieu d’accepter que les prisons ne se vident et qu’elles perdent leur budget, l’administration est sur le dos des prisonniers et, au moindre écart, elle les accuse de bris de conditions. Tout est passé au peigne fin et on vous ramène en dedans pour terminer la sentence.

Vous étiez là, accomplissant un travail intègre
J’ai soudain donné un goût amer à votre existence
J’aimerais pouvoir revenir en arrière et changer les choses
Pour vous, la vie ne doit pas toujours être rose

Je prends conscience des torts que je vous ai causés
Comment pourrais-je les atténuer?
Que puis-je faire pour mettre un baume sur vos cœurs blessés?
Prier et vous écouter, du plus profond de mon cœur
Vous dire que je suis sincèrement désolé

Si cela peut vous consoler, ne croyez pas que je m’en sois tiré
Aujourd’hui je paye pour les fautes de mon passé

À toutes ces victimes innocentes, j’adresse une prière de guérison intérieure
Si vous me le permettez, un jour, je vous ouvrirai mon cœur
Je prie en silence, pour que vous puissiez me pardonner
Afin que, de mes remords, je sois libéré

par Michel Morin

Jeunesse à l’ombre

Jean-Pierre Bellemare
Pour protéger un enfant, lorsqu’il n’y a pas de famille d’accueil disponible, l’enfant est retiré de son milieu familial et remis dans un établissement de détention juvénile. Entouré de jeunes délinquants, ce n’est pas une combinaison idéale. Selon le juge Jacques Lemarche du Tribunal de la jeunesse, 80% des jeunes en centres de détention finissent dans les pénitenciers fédéraux (sentence de plus de deux ans).

L’institutionnalisation des enfants les déresponsabilise et les infantilise. Les enfants en besoin de protection sont punis pour des comportements adultes. Dans leur tête, des questionnements ambigus alimentent la confusion. Pourquoi doivent-ils subir une mise à l’écart dans un groupe aussi perturbé qu’eux? Mis avec des délinquants, ils deviennent eux-mêmes à risque. Ce traitement engendre en quelques années des adolescents qu’il est préférable d’éviter sur la rue.

Est-ce que les fonctionnaires se comportent comme les infirmières et les médecins, qui sont continuellement confrontés à la douleur? Deviennent-ils immunisés et moins sensibles aux besoins et aux droits des jeunes? Plus l’institution est grosse et plus la relation avec le jeune est dépersonnalisée.

Dans le cas d’un jeune qui utilise la menace ou le chantage, une approche humiliante de la part du parent ou de la personne en autorité risque de ne pas porter ses fruits. À mon avis, il faut utiliser des moyens plus subtils que les parents doivent adapter à la personnalité de leur enfant.

Je privilégie une approche étroite, une relation directe avec le jeune. Lui manifester de l’attention. Après avoir établi une relation de confiance avec le jeune, le temps offrira des occasions d’intervenir. Il n’y a rien de mystérieux dans le soutien aux jeunes. Impossible de se tromper en manifestant un désir sincère de protection et de relation. Cela permet de cicatriser toutes les souffrances antérieures et de rétablir la confiance.

http://journaldelarue.wordpress.com/2006/12/19/les-prisonniers-de-linstitut-leclerc-remercient-leurs-benevoles/

http://raymondviger.wordpress.com/2006/08/25/linstitut-leclerc-sexprime/