Sous-marins pakistanais et la presse

Publié le 05 mai 2010 par Bernard Girard
Thierry Desjardins qui connaît bien son monde voit derrière l'affaire des sous-marins pakistanais un nouvel épisode de la guerre Sarkozy-Villepin : Villepin, écrit-il, était directeur de cabinet du ministre des Affaires étrangères (Juppé) en 1994 au moment de la signature du contrat et le Quai d’Orsay doit toujours donner son autorisation pour toute vente d’armes à une puissance étrangère. Villepin, spécialiste des questions du sous-continent indien et donc du Pakistan, connaissait forcément, dans les détails, le contrat et ses clauses secrètes. Deux ans plus tard, quand Chirac décida d’annuler les clauses sur les commissions de ce fameux contrat (en fait pour interrompre les rétrocommissions et couper les vivres des Balladuriens) Villepin était secrétaire général de l’Elysée…" S'attaquer ainsi à un adversaire ressemble assez celui que l'on présentait il n'y a pas si longtemps comme le patron d'un cabinet noir à l'Elysée. Mais quel peut être l'impact sur l'opinion?
Desjardins compare avec d'autres affaires (rumeurs sur le couple Pompidou, diamants de Giscard, affaires Boulin et Bérégovoy, Observatoire et francisque de Mitterrand, valises de billet de Chirac).  Comparaison ne vaut pas raison (si la mort des employés de la DCN est liée au non-paiement des commissions aux Pakistanais, c'est bien plus grave que tout le reste mais ceux qui ont interdit le versement des commissions sont tout aussi coupables que ceux qui ont signé le contrat), mais l'histoire montre que les plus solides réussissent à passer au travers des gouttes.
Ce qui dans l'état actuel des choses me surprend le plus est le rôle de l'Express dont le patron est très proche de l'Elysée, ne s'en cache pas, le suggère régulièrement sur nos antennes et qui, pourtant, titre sur "l'affaire qui fait peur à Sarkozy". Nous avions l'habitude de voir les journaux amis éviter les sujets compromettants. En voici un qui aurait plutôt tendance à jeter de l'huile sur les braises. Faut-il en conclure que Christophe Barbier est plus l'homme sandwich du journal que le directeur de sa direction, comme on aime à le présenter? Il est vrai que l'homme sait jouer de l'ambiguïté. Je le pensais normalien, comme sans doute beaucoup d'autres, or sa fiche Wikipedia nous dit  que "sans avoir le statut de normalien, il est diplômé d'une maîtrise d'histoire de l'Ecole normale supérieure en 1991  après y avoir été promu sur dossier en 1987 , il est également diplômé du MS Média de ESCP Europe." C'est tout à fait honorable, mais ce n'est certainement pas la même chose.