Xavier Jaillard, heureux et talentueux adaptateur de "La Vie Devant Soi" il y a deux ans, propose, dans son théâtre, "Cinq Pas Dans La Tendresse", six petites histoires joliment tournées qui pourraient donner un charmant spectacle si la distribution et les décors ne laissaient tant à désirer...
Dans les situations choisies par l'auteur, de même que dans les dialogues, on retrouve cette poésie qui nous avait touchés dans "La Vie Devant Soi". Un couple de retraités délogés de leur pavillon pour permettre la construction d'une tour dans laquelle ils se voient réinstallés... Et perdus. Un futur ministre passant à côté de ses proches, obnubilé par sa carrière. Une grand-mère qui rend visite à son petit-fils en prison... Toutes ces séquences (il y en a donc trois autres) ayant pour point commun un geste de tendresse de la part de l'un des protagonistes, qui fera que la vie devient plus douce à celui qui le reçoit. Xavier Jaillard livre ici un travail de qualité, sans prétention, soigné.
Mais si l'on peut tenter, à la limite, de faire abstraction des décors, plutôt sortis de l'atelier "papier crépon et coloriage" d'un enfant de huit ans que des Ateliers Marigny (on conseillera cependant vivement, lorsqu'il n'y a pas de moyen, une simple chaise noire et une table de même couleur...), on ne comprend franchement pas cette distribution qui flingue complétement le texte de Xavier Jaillard. Dieu que c'est mal joué ! Hormis l'auteur lui-même qui s'en tire honorablement et la comédienne, fort touchante, qui lui donne la réplique dans le second tableau (qu'elle me pardonne d'avoir oublié son nom), tout le monde semble appartenir au club théâtre amateur du coin, la palme revenant au jeune Xavier Van Gasselt qui en fait comme trente-six cochons et qui paraît aussi crédible en astronaute ou en ministre que moi en retraité (j'ai 32 ans...). Cela sent le patronnage.
Dommage. Vraiment dommage.