Lorsque j’ai mis le nez dans la vidéo d’Odessa sur Hartzine (merci Hartzine j’te kiffe) j’ai tout de suite été prise d’une irrépressible envie de secouer tout mon corps, les cheveux dans les yeux, de boire beaucoup, et de m’abandonner toute entière à une transe entourée de jeunes gens beaux et sexy sur une plage au crépuscule. Ce titre sous hallucinogène, au son un peu crasseux et vicelard, fut une bénédiction dont je remercie le ciel et c’est avec une avidité non dissimulée que je me suis jetée sur l’album, et sur la place de concert pour voir Caribou au Point Éphémère vendredi dernier.
Dan Snaith cache bien son jeu. C’est la conclusion à laquelle je suis arrivée vendredi soir, en sueur, après un live bouillant auquel je ne m’attendais pas du tout. Mais alors pas du tout. Car pour tout dire, une fois lâchée la touche repeat sur Odessa, la plongée en apnée dans le nouvel opus du Canadien ne m’avait pas vraiment convaincue. Caribou est un habile manipulateur de boucles, qu’il tisse de petites douceurs pop s’enroulant joliment sur les oreilles. Son electronica subtile nage la brasse coulée avant de s’envoler dans un monde ouaté et sous LSD. Sun et Kaili m’ennuient un peu, le son est lisse, un peu trop lisse et le chant se révèle parfois limite (tout le monde ne peut pas monter dans les aigus comme Alexis Taylor). Je retrouve le côté sombre d’Odessa sur Found Out, où deux voix s’entremêlent et où les percussions crasses finissent de m’entraîner à nouveau dans les profondeurs aquatiques de Swim. L’album navigue sur des eaux dance un brin désuètes, qui me laissent un peu mitigée sur cet album et le soir du concert, j’arrive là sans trop d’attente. M’imaginant même que je vais peut-être m’ennuyer un peu.
Fort heureusement je me trompe souvent, et c’est encore le cas ce soir ! Je commence à avoir la puce à l’oreille en voyant la salle se remplir comme un œuf de gens ma foi très en forme. Du genre “vas-y ça va chauffer héhé”. Sur scène, les deux batteries (une grande en face d’un petite), les claviers, laptops, et guitares trahissent à leur tour une volonté assez évidente d’en découdre. Ça me rassure, j’enlève donc ma veste. 21h30 le groupe arrive et débute un set boosté aux amphètes qui me laissera euphorique dès le premier titre. Comme je vous le disais ce Québécois retord cache bien son jeu. Bidouilleur archi doué de studio, il transforme les rythmes soft et dancy de l’album en véritable pugilat hautement électro-rock une fois sur scène. Des titres assez planant comme Bows, qui ouvre le show, deviennent de redoutables machines disco. Le public n’économise d’ailleurs pas son énergie ce soir, ça gigote dans tous les coins et mon fantasme d’Odessa devient presque réalité (malheureusement les gens n’étaient pas tous beaux et sexy). Assez ironiquement, c’est le titre phare et tripé de l’album qui passera pour une moindre surprise dans ce show électrique. Raccourci et moins puissant que dans sa version studio, ce fut ma seule déception. Et puis en live comme en studio, les voix de Dan et de son bassiste Ryan Smith ne sont pas toujours à la hauteur des notes, mais peu importe. L’énergie envoyée ce soir par Caribou m’a largement convaincue de réécouter tout l’album (et les autres, superbe Andorra) avec une attention différente car l’animal est un orfèvre ultra doué qui mérite qu’on s’attarde plutôt deux fois qu’une sur Odessa.
Audio
Tracklist
Caribou - Swim (City Slang, 2010)
1. Odessa
2. Sun
3. Kaili
4. Found Out
5. Bowls
6. Leave House
7. Hannibal
8. Lalibela
9. Jamelia