Seule la météo n’était pas au rendez-vous
Cette course a cela de particulier pour moi qu’elle commence de nombreux mois avant la date fatidique par son organisation. De nombreuses réunions, un nouveau site web, une nouvelle plateforme d’inscription, la création d’une chemisette spéciale, de goblets, de tee-shirt, de nombreux communiqué de presse, des relations avec les partenaires, les coureurs, une présence permanente sur les forums, plusieurs reconnaissances du parcours… tout ce qui fait que l’épreuve peut fonctionner. Autant dire que la dernière semaine ce n’est pas franchement le repos de régler les derniers détails même si c’est un plaisir de partager des informations et d’être en contact avec plein de coureurs très sympas. Tout ça avec un mois de repos forcé à cause de ma voute plantaire, autant dire que la forme est plus celle d’un randonneur que d’un véritable coureur.
La vieille de la course, je passe un agréable moment en charmante compagnie sur le salon improvisé de la course et c’est avec plaisir que nous échangeons nos impressions avec Thierry Breuil, Romu De Paepe, Damien Vierdet, Patrick Bringer, Sylvain Bazin et plein d’autres athlètes qui prennent le temps de bien préparer l’épreuve, preuve que c’est du sérieux qui s’annonce. Force est aussi de constaté que tous ces champions que je côtoie depuis le début de ce TTN 2010 ont le même plaisir à se retrouver et venir se tirer une bourre amicale aux quatre coins de la France. Une petite sortie de 20 minutes avec Cyril et Stéphane Bégaud pour savoir que mes jambes ne seront pas au rendez vous et il temps d’aller se finir les jambes en piétinant sur place dans la salle. Nous avions organisé une rencontre du Team et c’est avec du retard et un peu plus de monde que prévu que nous avons partagé un verre de l’amitié. Le temps de rentrer, de manger et de se préparé et c’est bien tard que je retrouve mon lit…
Nuit très courte, réveil fatigué et petit dej des champions qui fait hurler ma diététicienne (café au lait-brioche-confiture). A défaut d’un beau soleil, tout le monde a emmené sa bonne humeur, en plus de l’imperméable, pour réchauffer les corps et le cœur en ce dimanche matin à Voglans. Il faut s’en donner du courage pour aller affronter un parcours devenu redoutable compte tenu de la pluie qui n’a pas arrêté de dégringoler toute la nuit. La tenue n’est pas simple surtout que je viens tout juste de coudre les nouveau logos de mes sponsors sur mon maillot Performer manche courte. Du coup je prends les manchettes de chez RL comme ça je pourrais gérer la différence de température (en haut il fait 4°C) et un short parce que y en a marre de courir en ¾. Petit échauffement rapide, avec tout ce monde à saluer, je ne suis pas dans le timing mais je retrouve avec bonheur cet air détendu des jours où je n’ai pas d’objectif.
Le départ est donné et tous les traileurs, y compris un plateau exceptionnel de champions présents, s’élancent comme des bolides pour exhorter de leurs foulées rageuses ce mauvais temps inopportun. Je me retrouve à coté de Cyril, Ludo, Aurélien à la 20ème position sans trop forcer même si Stéphane parti comme un fou devant, se fait asticoté à tour de rôle par le Team Adidas. En haut de la bosse ça accélère franchement et après un kilo en 3′15 je décide de laisser filer. Je me retrouve tout seul et il y a déjà un sacré écart avant que je raccroche le wagon de derrière. Je commence la montée à mon rythme mais sans forcer je reste au contact d’un petit groupe avec Nicolas Martin. On reprend Vincent Delebarre et je suis surpris que bon nombre de coureurs comme Dawa ou Serge Barthes ne m’aient pas encore repris. Je dois être 50ème au premier ravito et pourtant j’ai l’impression d’être avec le top niveau. On attaque la montée plus sérieuse et alors que je l’avais répété plusieurs fois pour essayer de la courir tout du long, je n’arrive pas à tenir le rythme. Je ne sais pas si c’est la fatigue ou le terrain glissant. Dawa me rejoint juste avant le passage du Croc et c’est un bonheur de voir tout ce monde qui nous accueille car le temps n’est pas vraiment à la fête.
J’arrive en haut en meilleure forme que l’an dernier et j’essaie de gérer mon alimentation minutieusement pour ne pas commettre de nouveau l’erreur de l’Ecotrail. J’ai testé mes produits GO2 et autant profiter de cette répétition grandeur nature pour peaufiner les réglages car c’est vraiment un de mes points faibles de la gestion de course. Le moral remonte encore d’un cran quand je croise Anne juste avant de rebasculer au Sire. Je suis prudent et mon pied est vraiment douloureux dans les descentes. Ce n’est que le début et je ne veux pas risquer un abandon qui, je le sais, serais destructeur pour mon moral. Je serre les dents et ça passe. L’ambiance dans les échelles est impressionnante avec le brouillard et le ciel s’ouvre quelques secondes au passage de la croix pour nous laisser entrevoir le lac. Je suis enfin rejoins pour les coureurs locaux qui sont normalement devant moi comme Franck Gory, Yann Nourry ou encore Patrice Gibaud. Je m’accroche mais j’ai des débuts de crampes alors je ne prends pas de risque et relance doucement. Malgré tout je me prends une monstre gamelle sur une plaque de glace et je finis pétri de crampes avec une fesse bien amochée. Je rejoins le ravito tranquille et suis surpris de voir personne que je connais alors je ne m’arrête même pas et je continue à mon rythme.
J’ai l’impression d’être scotché dans la traversé du plateau même si je n’ai aucune douleur dans les jambes mais personne ne me reprend et c’est plutôt le contraire qui se produit puisque je reviens sur 4 coureurs avant de monter au Revard. Je me dis que c’est là que la course commence vraiment et qu’il faut que je trouve un bon rythme. Je suis 48ème, il me semble. Je me concentre à m’appliquer pour mes foulées et à soigner ma posture. Ca avance tout seul et au passage du Pertuiset, je reviens encore sur des coureurs dont Emmanuel Gault qui n’est pas dans un grand jour tout comme moi. J’ai presque l’envie de pleurer tellement j’ai mal au pied quand ça tape et je ne peux pas retenir certain cris de douleurs qui sortent tout seul. Malgré tout je m’accroche quand Maud et Vincent me rejoignent et je fais la descente avec eux. Je suis obligé de lâcher avant le ravito car mon pied va exploser et c’est Philippe Propage qui me tend mon bidon. Je suis soulagé que la descente soit enfin terminée.
Les jambes réagissent direct dans la portion de relance qui suit et j’ai enfin un peu de plaisir à courir à un bon rythme. Je rejoins un coureur qui s’accroche à moi. Nous discuterons par la suite et je suis content de partager un bout de route avec lui car même si les cotes passent bien, cela commence à me paraitre longuet d’autant qu’à part finir, il n’y a plus vraiment d’enjeux. Je me souviens que l’an dernier j’avais remonté une dizaine de place dans cette portion en étant beaucoup moins bien et je suis surpris qu’à part un ou deux coureurs complètements arrêtés nous ne reprenions pas plus de monde car nous avançons vraiment pas mal (entre 14 et 15 km/h sur le plat). On rejoint Méry, je ne m’arrête pas mais attend mon compagnon et nous relançons dans la descente en papotant. On voit un coureur au loin et il me dit d’y aller mais lorsque j’accélère il me suit. Un coureur est aussi revenu de l’arrière et nous nous retrouvons en haut de la dernière bosse à 4 pour un sprint auquel j’ai bien envie de participer pour m’amuser. Ca part à fond et je suis le premier. On se détache mais je n’arrive pas à suivre dans la descente. Je continue à fond jusqu’à l’arrivée, preuve que j’avais encore bien des jambes et je suis heureux de retrouver Anne sur la ligne.Après une bonne douche et un bon repas c’est un plaisir de retrouver et de papoter avec tout le monde. Agnès Hervé vient se joindre et tout le monde a l’air très content. Mais je commence à payer la fatigue de ma semaine avec aussi pas mal de boulot et je suis un peu à coté de mes pompes si bien que nous rentrons avant la fin des festivités.
Bilan : 42ème en 04:58:51 pour 48 kms et 2546 m de D+
Rien de cassé et pas de douleur aux jambes. Une gestion de course pleine d’enseignements. Je progresse dans ma tête et ça me remet en confiance… J’ai géré au mental car c’est beaucoup plus dur d’être fort quand ça n’avance pas… J’ai rien lâché malgré une douleur qui ne m’a pas quitté. J’apprends encore et toujours la gestion (alimentation, position, allures…) et je suis sur que cela sera payant pour la suite. Il faut parfois savoir repasser par la case départ pour mieux repartir pour la suite.