Le pari avec Where The Wild Things Are fut de créer un film de 100 minutes en adaptant les 22 phrases du livre de Maurice Sendak.
Spike Jonze aura réussi son pari y créant un univers en extrapolant l’œuvre de Sendak. Jonze aidé de Dave Eggars comme co-scénariste, ont donc imaginé la partie centrale du film où Max devient roi des « Wild Things » jusqu’à son retour à la maison, partie centrale qui devient donc la raison d’être du film et par le fait même l’extension du livre de Sendak. Comme si maintenant les deux oeuvres indépendantes n'en devenaient qu'une.
Certains diront que ce film n’est pas pour les enfants, qu’il dépeint une image pessismiste de la réalité enfantine avec ses personnages colériques et plein de sentiments négatifs (jalousie, mensonge, colère, tristesse, deuil, etc) mis de l’avant. Tandis que d’autres dirontqu’il s’agit d’une œuvre pour adultes où ceux-ci doivent retrouver leur cœur d’enfant pour mieux apprécier.
Pourquoi ne pas montrer aux touts petits que la vie n’est pas toujours rose et pleine de lilas et d’hirondelles, que les animaux ne chantent pas toujours des chansons d’Elton John ou Phil Collins, que la vie n’est pas rempli que de bons sentiments où la morale, simple et gentille permet d’effacer nos bêtises. C’est justement ce que veux démontrer Jonze et par le fait même Sendak avec Where The Wild Things Are. Les enfants doivent comprendre qu’il n’est pas mal d’avoir ou de ressentir des sentiments négatifs, ils doivent seulement savoir quoi en faire, comment les expurger, comment les confronter, savoir qu’ils ne sont pas des vilains pour désobéir à leur parents, etc. Une chose que l’ami Walt n’aura jamais osé nous faire comprendre mais que la pleurnicharde Passe-Partout s’éfforçait à nous faire comprendre quand elle braillait que son foulard s’était coincé dans la porte de l’autobus.
Est-ce que Max comprend quelque chose à la fin? Peut-être, peut-être pas, mais l’amour de sa mère est encore là et il doit faire face aux conséquences de ses actions. D’ailleurs la morale que le film apporte est justement de purger nos sentiments négatifs et d’y faire face, de les assumer, alors le film pourrait s’adresser également aux adultes qui n’ont pas à « retrouver leur cœur d’enfant » pour ce sentir cibler puisque la plupart d’entre eux n’ont toujours pas appris à exprimer, purger et assumer leurs sentiments vils.
Bien que Catherine Keener et par le fait même Mark Ruffalo, n’est là que pour rendre service à Jonze, sa prestation est touchante. La palme va par contre à Max Records qui sous sa charpente frêle nous donne un Max non seulement touchant, fragile et juste mais d’un naturel incroyable, avec ses grands yeux émerveillés. Il incarne Max dans toute sa vulnérabilité, dans toute sa jeunesse rempli d’étonnement, dans sa complexité et il maitrise les sentiments que Jonze thématise. Jamais il ne fait asser Max pour une petite peste en manque d’attention mais plutôt pour un garçon aux sentiments complexes qui s’égare un peu dans sa sensibilité la croyant malsaine. Jonze est visiblement à l’aise avec les enfants (voir son video pour la chanson Y control)et il dirige Max Records de façon juste, parfaite.
Spike Jonze a su créée un Univers d’une grande beauté malgré la laideur des sentiments, des paysages arides et des « monstres » qui y habitent. Sa mise en scène et son montage énergique (son passé de clippeur lui vient en aide) est au service du monde qu’il a su créer. Where The Wild Things Are est d’une grande franchise face au côté sombre de l’enfance et fait figure d'OVNI dans le domaine du film pour enfants.