The Lovely Bones

Par Munch

Les adaptations de roman sont légion au grand écran (il y avait, juste avant la projection de The Lovely Bones 2 bandes-annonces d’adaptation d’un roman de Nichola Spark, 2 romances pédophiliques, l’année va être longue…). Il y a toujours cette peur qu’un film trahis notre roman préféré (Choke, damn you Clark Gregg!), que le réalisateur n’y ai pas vu ou ressenti les mêmes choses que nous lors de la lecture du roman, etc… Il y a aussi les adaptations ratés (Dune, Blindness, etc), les plus réussies (Fight Club, L.A. Confidential, Out Of Sight, etc). Il y a aussi les adaptations dont le film a plus de notoriété que sa source (Straw Dogs, Parallax View, Coma, Jurassic Park, American Psycho, etc), les adaptations plus personnels (A Guide To Recognizing Your Saints, A Heart Is A Deceitful Above all Things, etc) et il y a les adaptations dont on en a rien à foutre (Marc Levy, Dan Brown, Nichola Sparks,Guy Ritchie (S’il était romancier, il se retrouverait dans cette catégorie)). The Lovely Bones est une chose étrange, comme un amalgame de toutes ces catégories et moins encore…

Premier film de Peter Jackson depuis King Kong en 2005, The Lovely Bones est un petit film qui se veut personnel et bénéficiant d’un budget de 100 millions de $$. Il s’agit du film le plus intime et intimiste de Jackson depuis Heavenly Creatures. Il s’agit également de son pire film. The Lovely Bones a sa place dans l’œuvre de Jackson, dumoins le roman à quelque chose de Jackson-esque, le film, c’est une autre histoire.

Il y a quelque chose d’extrêmement raté dans le film. Un sentiment de ratage à plusieurs niveaux. Le film alterne maladroitement entre le paradis d’où Suzie observe ses parents et la maison familliale où la famille de Suzie fait le deuil de son décès. Une alternance entre une imagerie symbolique lourde et ultra-kitsch et des scènes familiales brèves, froides, à l’esthétique un peu dépassé qui donne un ton très « after school special ». Jamais il ne réussis à créer ne serait-ce qu’un peu d'empathie pour ses personnages. Les acteurs y jouent de façon convaincante mais leur interaction ne le sont tout simplement pas. Le message optimiste et plein d’espoir du roman d’Alice Sebold est complètement effacé, au pire, effleuré. C’est à se demander ce que Jackson veut bien nous dire ou ce qu’il a bien pu y voir dans le roman.

Le film prend une bonne heure avant de trouvé un semblant de rythme et tombe à plat dans une finale anti-climatique et expéditive dure à avaler. Comme s’il avait fallu un autre 60-70 minutes pour régler le(s) problème(s) aux déjà trop longue 135 minutes que durent le film.

On ne comprend jamais les intentions de Suzie à vouloir rester dans son paradis, pas plus que l’on comprend la dynamique familliale tellement celle-ci est effleuré ne laissant que de simple scènes clichés qui ne font avancer l’action de façon artificielle et risible. De plus, l’humour de certaines scènes semble anachronique. Comme si le fait de situer le film dans les années 1970 justifiait l’utilisation d’un humour très Kramer vs Kramer où les scènes touchantes sont relevé d’un humour bon-enfant-plein-d’amour-parental-cucul.

Les scènes sont d’un kitsch qui fait grincer les dents et les scènes au Paradis sont souvent incompréhensible et pas aussi pitoresques, intéressantes ou symboliques que ne le croit Jackson à défaut de What Dreams May Come par exemple où Vincent Ward avait su nous captiver dans son Paradis et son Enfer tout aussi symbolique mais moins lourd de sens.

En voulant raconter une histoire, Jackson s’est un peu perdu et ne raconte rien. Narration, scènes oniriques, scènes dramatiques sont agencées de façons incompréhensible et la linéarité du récit en prend un coup tant le film jongle entre des fragments de personnages qui ne finissent jamais qu’être un résumé d’eux-mêmeet de leur action stéréotypés. Les mouvement de grues et les gros plans deviennent extrêmement pesants et prétentieux sur le spectateur.

Au final, Jackson ne trahi pas le roman de Sebold, mais en coupant certains passages (adultère de la mère, deuil du voisinage, meurtre) et en raccourssissant au strict minimum certaines partie, il croit arriver au même résultat alors qu’à la toute fin il passe à côté de la morale tout en la surexplicant. Étrange….