« L’atelier des papillons » de Gioconda BELLI et illustré par Wolf ERLBRUCH est une petite histoire plus complexe qu’elle en a l’air.
« Il y a très longtemps, les papillons n’existaient pas. Comme nombre de plantes et d’animaux, ils attendaient d’être créés. C’était là le travail des Inventeurs de Toutes Choses. Mais le règlement de la Création était formel : ils devaient créer la végétation nouvelle et les bêtes encore inconnues sans jamais mêler la faune et la flore. »
Nous découvrons ainsi le monde des inventeurs, la Vénérable, les Maîtres inventeurs et les différents groupes d’inventeurs orientés vers une spécificité. Rudolfo, jeune inventeur utopiste, veut mêler la beauté dans ces créations et cherche à inventer un « être qui volerait comme un oiseau et serait aussi délicat qu’une fleur ». Avec ses amis, il est attribué à la création des insectes, un département un peu empoussiéré, peu avenant et mal reconnu. Mais Rudolfo est têtu, en plus des autres insectes inventés, il cherche encore et toujours à inventer son œuvre la plus magistral.
Les régions sont si particulières pour que les inventeurs soient en condition pour inventer (le froid pour inventer la fourrure de l’ours polaire). La beauté est toujours là pour inspirer. Les détails de la faune et de la flore prennent ici d’autres significations.
Il est aussi question de beauté : beauté des choses ou philosophie de vie comme beauté. Rudolfo veut offrir plus de beauté au monde. Les choses créées, une chèvre, un chien, ou les éléments le vent, la foudre, lui prouvent l’éphémère du beau, la beauté dans l’instant. Mais Rudolfo persiste pour inventer même quelque chose d’éphémère mais une beauté pour tous. « Ce que j’aime avec la beauté, c’est qu’elle ne renonce jamais ; voilà pourquoi elle est immortelle ».
Et puis les illustrations de Wolf ERLBRUCH apportent toujours ces nuances de matières, une manière de mettre le réalisme comme une recréation. J’ai aimé cette faune et flore avec des matières d’humain (papier journal écrit, trame de tissu) et ce sceau asiatique qui apparait sur certaines planches. Le texte étant assez dense, les illustrations ont leur légende pour retrouver l’extrait qu’ils accompagnent.