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Publié le 28 janvier 2007 par Raymond Viger

On se souviendra aussi que dans le courant de l’été, les journalistes de Radio-Canada avait critiqué l’intervention du Journal de Montréal dans l’histoire de l’eau de piscine avec le maire Vaillancourt. La rumeur circule qu’il y aurait une complicité entre les équipes de Radio-Canada et celles de La Presse. Une sorte de convergence informelle pour concurrencer la convergence formelle du Journal de Montréal et de TVA.

Essoufflant toute cette histoire. Mais allons-nous dans la bonne direction? Les magasins Steinberg’s avaient déclenché une guerre de prix contre ses concurrents. Ils ont fait faillite peu de temps après. Doit-on faire la guerre à un concurrent ou apprendre à vivre et à grandir avec lui?

Pour les Internautes qui me lisent depuis un certain temps, je vous surprend sûrement ici. Et je vous comprends. Vous vous souvenez de tous mes blogues questionnant et montrant du doigt les titres sensationnalistes et trompeurs du Journal de Montréal. Moi-même je me surprends. Peut-être parce que la situation dépasse mon entendement.

Est-ce que 2 quotidiens dans la même ville peuvent se livrer une guerre d’éditorial et se lancer des boulets tout en continuant d’augmenter leur part de marché. Cette guerre devient tellement ridicule et loufoque que j’ai l’impression que les 2 quotidiens n’ont plus le temps et l’énergie de couvrir la réalité de notre société. Trop occupé à faire des sondages pour épater la galerie, trop occupé à démolir et critiquer le sondage du voisin, trop occupé à se défendre des attaques de l’autre…

Personnellement, je viens de fermer la switch à « off ». Je lisais les 2 quotidiens. Maintenant je fais la grève générale. Quand les joueurs auront repris leurs rôles respectifs je reviendrais peut-être. Mais pour l’instant la récréation a sonné et on arrête tout. Les 2 quotidiens viennent donc de perdre un lecteur chaque.

Maintenant que je me suis libéré de cette guérilla, je vais vous partager 3 anecdotes intéressantes. La première témoigne de notre magazine, Reflet de Société. Sommes-nous en compétition avec les autres magazines du Québec pour des parts de marché? Aucunement. Est-ce que je veux que les lecteurs s’abonnent à des magazines autres que Reflet de Société? Absolument! D’une part, parce que plus il y a de lecteurs et de gens qui s’abonnent à des magazines, plus il y aura d’abonnés à Reflet de Société. C’est tellement vrai que j’ai créé la chronique « À la découverte des magazines d’ici ». À chaque numéro je présente un magazine différent et les coordonnés pour que les gens s’abonnent. Ce ne sont pas des compétiteurs. Je les considèrent comme des collègues qui vivent sur le même territoire que moi. Plus on donne le goût aux gens de lire et plus ils s’abonnent à des magazines. À travers nos associations de magazines, autant québécoise que canadienne, nous organisons des promotions communes pour s’entraider et faire la promotion de l’ensemble des magazines. Intéressant. Cela nous donne accès à des promotions que seul, nous ne pourrions même pas envisager. J’appelle cela un travail d’équipe, un respect des artisans de notre industrie. Si je rencontre un employé d’un autre magazine, je n’ai pas à changer de trottoir parce que c’est un ennemi. Je vais avoir tendance à le saluer, à prendre des nouvelles et voir qu’est-ce qu’on peut faire pour l’aider. C’est tellement plus agréable.

La seconde anecdote remonte aux années 1980. Je suis dans l’entreprise privée pour une compagnie qui vend des meubles. Nous avions un magasin sur la rue St-Hubert. Il s’y trouve 16 autres magasins pour nous compétitionner. Était-ce un problème? Non, au contraire. C’était la manne. Nous étions 17 magasins de meubles à annoncer aux clients potentiels de faire leurs achats sur la rue St-Hubert. Tout le monde profitait de l’achalandage du voisin et c’était très plaisant. Notre stratégie était d’être différent de notre voisin. Et ça fonctionnait. Avec 17 concurrents réunis au même endroit, nous avions une masse critique pour attirer beaucoup de clients.

La dernière anecdote remonte aux calendres grecques. Mes 5 années dans l’aviation civile. Nous organisions des promotions pour les écoles de pilotage lors des pageants aériens. Je n’étais pas en compétition avec les autres écoles de la région. Je donnais de l’information pour intéresser les gens à prendre des cours de pilotage. Parce que plus il y avait de gens qui voulaient apprendre à voler et plus nous aurions d’étudiants. Nous faisions la promotion d’une industrie. Et à l’intérieur de l’industrie que nous représentions, nous montrions notre différence et les avantages d’être chez nous.

Qu’est-ce que je pense de cette guerre d’éditorial entre le Journal de Montréal et La Presse? Pas grand chose de bons. Est-ce que cela va diminuer la qualité de l’information journalistique? Est-ce que les lecteurs vont se complaire dans cette guerre? À long terme, si un de ces deux quotidiens en meurt, est-ce que la population de Montréal va être mieux servi? J’en doute.

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