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Vue aérienne et partielle du port de Pointe-Noire (DR)
Le 23 mars, la Banque de développement des États de l'Afrique centrale a accordé un prêt de 6 milliards de francs CFA (9,15 millions d'euros) au port de Pointe-Noire. Le financement est destiné à "la réhabilitation et la modernisation des infrastructures et équipements portuaires", figurant dans le Programme d'investissements prioritaires (PIP) du port. Un an plutôt, en marge d'un voyage officiel du président français au Congo, l'Agence française de développement (AFD) a accordé un prêt de 19 milliards de francs CFA (29 millions d'euros) à Pointe-Noire dans le cadre du PIP. "C'est un prêt remboursable en 15 ans avec un différé de cinq ans qui n'engage pas l'État congolais", avait indiqué Alain Joyandet, secrétaire d'État français à la Coopération et à la Francophonie. La Banque européenne d'investissement s'engage, elle aussi, pour 19 milliards de francs CFA pendant que le port autonome de Pointe-Noire, lui-même, mise sur des fonds propres à hauteur de près de 40 milliards de francs CFA. Les travaux à engager portent notamment sur l'allongement de la digue extérieure, l'extension de quai, le dragage d'approfondissement du chenal et du bassin portuaire, l'acquisition de deux remorqueurs de haute mer...
La plus grosse enveloppe pour la modernisation des infrastructures portuaires vient du groupe français Bolloré désigné concessionnaire du terminal à conteneurs Port de Pointe-Noire pour 27 ans. Bolloré s'est engagé à investir 570 millions d'euros dans des travaux destinés à booster le niveau infrastructurel du port. Le terminal sera doté de 1500 m linéaires de quai, 38 ha de surfaces de stockage (contre 17 ha aujourd'hui), 48 portiques de quai et de parc... L'enjeu est de faire acquérir à la plate-forme portuaire une capacité de traitement de plus d'un million de conteneurs par an en 2016 (contre environ 200000 en 2008). Avec une perspective de tirant d'eau de l'ordre de 15 m, Pointe-Noire pourra alors accueillir des navires d'une capacité de 7000 conteneurs.
Le défi de modernisation du port n'est pas qu'infrastructurel, souligne Martin Parfait Aimé Coussoud Mavoungou, ministre congolais de la Marine marchande. "Les écueils principaux à la fluidité des marchandises seront levés avec la mise en œuvre du guichet unique maritime au port. Ce guichet a pour objectif majeur de baisser les délais de traitement d'un passage portuaire et partant de son coût", a-t-il souligné.
Jean-Marie Aniélé, directeur général du port autonome salue ce programme d'investissement comme "un modèle réussi de partenariat public-privé". Un partenariat dont l'impact sur l'emploi est sans équivoque : un programme spécial de recrutement est mis en œuvre tout au long de la durée de la concession, avec, en 2018, un pic de 1000 salariés (contre 230 permanents aujourd'hui sur un total de 550 salariés) pendant que les travaux d'infrastructure vont générer près de 200 emplois.
L'investissement à Pointe-Noire aura un impact faste sur la compétitivité des autres ports de la sous région de l'Afrique centrale (Douala, Matadi, Port-Gentil et Cabinda). Ceux-ci vont sans doute bénéficier de ce que Pointe-Noire deviendra le point de chute des navires trop lourds pour ces ports. Ainsi, d'ici à 2010, Pointe-Noire va attirer 20% du trafic en provenance d'Asie et à destination de Douala. Pour Dominique Lafont, directeur général de Bolloré Africa Logistics, "Pointe-Noire deviendra le principal facteur d'encouragement du trafic de l'Asie vers le port camerounais".
Avec tout cet investissement, Pointe-Noire conforte son incontournable avantage de porte d'entrée du bassin du Congo, sur 16 millions de km² pour une population de 100 millions d'habitants.
Par Jacob Sagbohan - Nombre de lectures web de cet article (hors podcasts, smartphones et tablettes): 6018 fois - Contenu mis à jour le 11/04/2013
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