Critique : "Ames en stock"

Publié le 04 mai 2010 par Dime

AMES EN STOCK

De Sophie Barthes

Avec Paul Giamatti, David Stathairn et Emily Watson

Mon avis : «««

Ce début de mois de mai est clairement marqué par l’arrivée d’"Ames en stock", un curieux objet filmique dans lequel Paul Giamatti joue son propre rôle. En pleine crise existentielle, le comédien tente vainement de trouve le ton juste dans le cadre des répétitions d’Oncle Vania, une pièce de théâtre anxiogène signée Tchekhov. Peu sûr de lieu, les doutes obscurcissant son horizon, c’est avec curiosité, après avoir lu un article de presse, qu’il se rend dans un laboratoire privé soulageant les patients qui le désirent en ôtant leurs âmes. Après leur opération, ces derniers peuvent même en choisir une nouvelle en feuilletant un catalogue fourni. Intrigué et fasciné, Giamatti tente alors l’aventure... Sophie Barthes, dont "Ames en stock" est le premier film, a eu l’idée de cette histoire farfelue grâce à un rêve. Et c’est lors du Festival du Film de Nantucket en 2006 que la réalisation du projet devient tangible. Elle y gagne le concours de scénario et la confiance de Giamatti, tout juste couronné par le succès de "Sideways". Au regard du résultat final, on peut largement confirmer que la cinéaste, native de France, a misé sur le bon acteur. Giamatti est hallucinant de justesse dans ce rôle allenien qui devrait lui valoir quelques prix d’interprétation. Tour à tour hilarant, bouleversant, grinçant, le comédien déploie toute l’étendue de son talent. Prisonnier de son ablation dans un univers à la Charlie Kaufman, son personnage pénètre très vite dans une spirale de problèmes azimutés et se noie inéluctablement dans les turpitudes d’un monde brillamment imaginé par Barthes. Follement inventif, barré (quoique), le long métrage séduit parce qu’il n’a rien de dogmatique. Libre au spectateur de se faire sa propre idée de l’âme, sa signification, sa matérialisation, sa commercialisation et son stockage.