“Mauvaise fille” de Justine Levy

« Mauvaise fille » est un très beau roman, poignant et parfaitement honnête.

Justine Levy y livre, à travers le personnage de Louise déjà croisé dans ses précédents récits, un moment crucial de sa vie où le tragique et le merveilleux ont du cohabiter : le moment où sa mère s’est éteinte d’un cancer et où son premier enfant, une fille, a vu le jour.

On retrouve le style si particulier de l’auteure, encore plus haché et découpé que d’habitude. Son écriture colle parfaitement à son état d’esprit : fragile, hésitante, angoissée, névrosée même face à l’insoutenable succession des évènements, des émotions. Le lecteur est entrainé dans ses tiraillements, ressent sa douleur, partage sa souffrance.

Toujours sur le fil du rasoir, on ne sait jamais si le prochain paragraphe sera triste et douloureux ou s’il sera drôle et léger, comme lorsque la narratrice confie ses envies de femme enceinte avec une honnêteté désarmante. On oscille entre le journal intime, effronté et insolent, et l’émouvant hommage à cette mère si loin d’avoir été parfaite, mais qui reste sa mère même si elle n’en assumait pas vraiment la responsabilité. Et derrière les phrases lapidaires, les mots jetés sur les pages comme des rires ou des sanglots, se trouve également une fine analyse de la psychologie si complexe des relations mère-fille.

Fidèle à son habitude, Justine Levy règle aussi ses comptes, cette fois avec certains mandarins du corps médical où encore avec un curé, bien déçu de ne pas voir plus de célébrités à l’enterrement de la première femme de BHL …

Ce troisième roman de l’auteure est donc particulièrement réussi et sa plume si originale est à nouveau parfaitement maîtrisée et brillamment émouvante.