A l'initiative de Lionnel Luca, député des Alpes-Maritimes, des députés UMP viennent de créer, un « collectif des parlementaires pour la liberté d'expression ». Vingt-huit députés UMP de sensibilités très diverses – quel joli mot, sensibilité, appliqué à des personnes qui n’en semblent guère dotées – ont déjà rejoint le collectif, parmi lesquels Christian Vanneste, Jean Tiberi, Bernard Debré ou Marc Le Fur, vice-président de l'Assemblée. Françoise Hostalier (Nord), membre de ce collectif, précise : « La répétition des polémiques avec des enseignants, des journalistes, des magistrats, des élus, voire même des préfets, qui sont empêchés de parler, menacés, traduits devant des tribunaux, pose problème dans une démocratie qui, par ailleurs, se veut exemplaire en matière de droits de l’Homme ».
Ce bien-intentionné collectif rappelle qu’il « appartient aux députés » de garantir la liberté d'expression inscrite à l'article 11 de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen. « Or il semble que de plus en plus, de manière directe ou indirecte, la censure s’exerce au-delà de ce que pourrait prescrire la loi » C’est ce qui conduit M. Luca à dénoncer « le pouvoir des juges et des associations », citant par exemple le « procès d'intention » récemment fait au journaliste Eric Zemmour : « C'est une preuve de faiblesse, le tribunal. Et quand on fait taire, ça s’appelle la dictature ».
Ces preux chevaliers de la liberté me semblent tout ignorer de la démocratie, fondée sur la séparation des pouvoirs : il appartient aux députés de voter les lois et aux juges de les faire appliquer. Ainsi, quand un ministre, usant de sa liberté d’expression, tient lors de l’Université d’été de l’UMP des propos incompatibles avec les droits de l’homme défendus par les susdits, c’est un tribunal qui déterminera s’il ne s’est pas rendu coupable d’une infraction. A ce jour, le procureur a considéré que notre Ministre de l’Intérieur avait proféré une injure raciale, abusant ainsi de sa liberté d’expression..
Vous avez certainement remarqué que, désormais, les déplacements de notre Président bien-aimé sont soigneusement encadrés. L’assistance se compose le plus souvent de forces de police nombreuses et de militants UMP judicieusement sélectionnés. J’en retire l’impression qu’il s’agit là de faire taire les opposants. Serions-nous en dictature ? Ces nobles législateurs souhaitent faire disparaître les polémiques. Oublieraient-ils que, ce qui caractérise une dictature, c’est entre autres l’absence de polémiques, tout comme l’élimination de toutes les associations, à l’exception de celles vouées au culte du chef ?