Liberté, laïcité et burqa.

Publié le 04 mai 2010 par Marx

 
                                    La liberté de se vêtir comme bon il semble, n’est que très relative, puisque on ne peut se promener nu à sa guise, dans la sphère publique. La nudité totale, pourtant originelle, n’est possible que dans l’espace privé et encore avec des restrictions.
                                 En Afrique comme en Amérique, la plupart des tribus dont les membres vivaient nus, ont été contraints par les religieux de se vêtir . Vivre nu n’était pas une preuve de dépravation dans bien des organisations tribales et selon le climat. D’ailleurs, nous naissons tous nus, comme les animaux et nous en sommes. A ce propos la nudité peut parfaitement représenter l’expression d’un retour à l’antérieur religieux et une forme de rejet de celles ci, repris par quelques tribus indiennes de l’Amazonie. Cela peut être une forme d’expression, non seulement cantonnée dans des camps prévus et organisés à cet effet. Pourquoi n’y aurait il pas, au nom de la liberté de vivre sa croyance, de se promener nu dans la sphère publique, au même titre que de vêtir selon une autre croyance.
                                 Avec l’affaire de la burqa, nous ne sommes pas sur le même registre. Si la liberté était totale et absolue, il n’y aurait pas de religions. Celles ci sont fondées sur la contrainte, la peur et la soumission. En pensant aux femmes qui ne peuvent porter la burqa comme elles le souhaiteraient, dans la sphère publique, je pense à celles, bien plus nombreuses qui se passeraient bien de la porter et qui ont l’obligation de le faire, par la violence et au risque de leurs vies. Vies que ne risquent pas celles qui la portent , dans nos pays. Ne pas pouvoir la porter n’ a rien de comparable avec refuser de la porter. Ce qui doit en premier attirer toute notre attention et notre solidarité, c’est d’abord toutes ces femmes victimes, toutes celles qui luttent pour l’émancipation, pour la libération et non pas celles qui font exemple à la soumission, à l’ordre à la religion, à l’homme et au maître. Le lumpen prolétariat au féminin existe aussi et autant qu’au masculin. Le socialisme défend par essence l’opprimé et e,  condamne et combat l’oppression . Si certaines ont choisi de choisir leurs chaînes, nous n’avons pas à en négocier le poids. Un socialiste a le devoir de les briser toutes et en la circonstance la loi protège. Interdire le port de la burqa en public , c’est pour nous, protéger celles qui refusent de la porter. C’est protéger et permettre l’émancipation de celles qui le souhaitent. C’est affirmer un refus à la soumission. Même si la loi vient de la bourgeoisie, cela ne suffit pas pour la condamner. Au contraire, c’est un motif supplémentaire pour demander son extension à d’autres religions et exiger de ce même gouvernement le respect absolu de la loi de séparation des églises et de l’Etat. Loi de 1905 particulièrement malmenée, y compris par des élus du PS et les gouvernements de gauche qui se sont succédés.  Pendant des décennies, la gauche dans l’opposition a toujours demandé l’abrogation du Concordat en Alsace, qu’en est il après être passé par le pouvoir. Non à la burqa et continuons le combat afin de regagner le terrain perdu sur le front de la laïcité.
                            A bas la République islamiste ! C’est un slogan qui pourrait nous valoir d’être traités d’islamophobes, c’est pourtant celui du Parti Communiste d’Iran et de nombreuses organisations ouvrières, laïques et marxistes. Ces militants, sont par centaines, pourchassés, emprisonnés, torturés et assassinés. Pour ces militantes, c’est pire, c’est l’horreur au quotidien et à aucun moment nos porteuses de voile, n’ont de compassion, ni expriment la moindre solidarité envers des femmes qui ne peuvent jouir des mêmes libertés fondamentales. Pourquoi serait on solidaire au nom de la  liberté de ceux qui veulent les supprimer et étendre à d’autres le sort que subissent nos camarades femmes d’Iran, d’Irak ou d’Afganistan.
                            La burqa, ce n’est pas simplement un choix vestimentaire , c’est un étendard politique et communautariste et un symbole d’oppression de la femme. Il y a bien des explications identitaires et sociales mais expliquer n’est pas forcément excuser. Certains excusent sous prétexte d’expliquer, ce qui par conséquence condamne toutes celles qui refusent de la porter.
                            J’ai le souvenir d’un matin d’élection, dans un bureau de vote, le bureau Victor Hugo , présidé par un socialiste connu , ici. Nous y sommes avec un ami qui a la jambe cassée et qui m’a sollicité pour venir voter. Nous sommes quelques uns à discuter lorsqu’arrive une dame voilée devant l’urne avec son bulletin. Le Président refuse et demande à la dame de se découvrir avant de voter tout en gardant dans sa main la pièce d’identité présentée. Il y a comme un coup de froid dans la salle. Le Président consulte les délégués et les assesseurs, plutôt favorables au vote de la dame. Il tient bon et s’adressant à la citoyenne, il lui fait remarquer qu’il ne porte sur lui aucun signe d’appartenance politique ou religieuse et qu’il en est de même pour les scrutateurs et qu’il n’y a rien dans la salle de semblable. La dame sort, enlève son voile, entre à nouveau , vote normalement et avec le sourire serre la main que lui tend le Président et la salle se décrispe. C’est un coup du sort ; à l’heure de la sortie de la messe, il y a un peu plus d’affluence et voilà qu’une jeune fille entre, se saisi d’un seul bulletin et sans passer par l’isoloir, le glisse dans l’enveloppe, au beau milieu de la salle. La jeune fille se présente devant l’urne, parée d’une grosse croix de bois suspendue par un gros cordon blanc. La croix occupe tout le torse. Le Président refuse le vote en tenant les mêmes propos qu’à la dame voilée et demande à la votante de sortir et de cacher le signe religieux sous son chandail. Ce qui parait difficile conte tenu de la dimension de l’objet. La jeune fille refuse et maintient le bulletin sur la fente de l’urne. Le Président insiste et persiste dans son refus. Les scrutateurs palabrent à voix basse, partagés. Rien n’y fait, la jeune fille se retire dans un coin afin de permettre à d’autres de remplir leur devoir. Le représentant du tribunal arrive et discute avec le Président tout en se grattant la tête. Nous ne savons pas ce qui c’est dit entre les deux hommes mais la demoiselle persistant dans son refus n’a pas pu voter. Nous ne savons pas si elle est revenue voter. Nous avons salué le Président  qui est également membre de la Libre Pensée pour son courage.  Ce qui paraît amusant ou anodin aujourd’hui ne l’était pas sur le moment, avec des phases de forte tension et de relâchement pendant lesquelles chacun attendait l’épilogue suivant et enfin le dénouement. Ceci est une petite illustration qu’il me fallait à tout prix placer, même hors sujet. Ouf !
                               On ne peut tolérer d’une religion ce que l’on combat à d’autres et quelques soient les prétextes  invoqués par les unes et les autres. La laïcité n’est pas à géométrie variable et ne peut varier selon des intérêts bassement électoralistes.