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Zeus n’y est pour rien !

Publié le 04 mai 2010 par Nicolas007bis

Chounette

Le cas grec amène beaucoup de blogueurs à s’interroger sur les mesures que le Gouvernement de Papandréou a été forcé de prendre afin de tenter de rétablir un tant soit peu la situation.
Beaucoup d’entre eux s’insurgent véhémentement contre l’effort demandé à la population, considérée comme la victime expiatoire de l’indigence de l’Etat grec, de la spéculation financière, des banques voire même des agences de notation !

Certains vont même jusqu’à relayer la pétition de l’Humanité à l’accroche tout à fait explicite : « Le peuple grec n’est pas responsable de la faillite de son Etat. C’est pourtant lui que les marchés financiers et les institutions internationales veulent saigner à blanc. Signez notre pétition en ligne. »

Pour ma part, et pour paraphraser l’excellente introduction du Faucon je dirais que même si la question est difficile, même si je ne suis pas économiste, mais juste un pauvre plouc des bords de la Seine qui se gèle un 4 Mai en regardant les nuages passer (il ne pleut pas à Paris)...cette situation et ses commentaires m’amènent quelques remarques.

Tout d’abord, le cas des grecs à un coté exemplaire assez intéressant.

Dans beaucoup de pays et en particulier en France, on a l’habitude de considérer que les déficits et l’endettement qui va avec, sont des variables d’ajustement sans limite dans l’élaboration de notre modèle de société. Ainsi, depuis des décennies, les choix politiques sont faits sans considération de cette mesquine et vulgaire contrainte qu’est le financement. La conséquence en est que de manière structurelle, la France s’endette non pas pour financer des investissements susceptibles de créer de la richesse future mais simplement pour assurer son fonctionnement.

Aux cassandres, comme François Bayrou, qui osaient alerter sur les dangers d’une telle addiction à l’emprunt, on répondait inlassablement « vous avez raison, il faut diminuer notre endettement, mais surtout sans toucher aux dépenses publiques ! » ou pire encore « la France est endettée, eh alors, ou est le problème puisqu’on ne remboursera jamais nos dettes ! ».

Sans comparer tout à fait le cas de la Grèce avec celui de la France, on peut quand même dire que c’est cette logique qui a conduit la Grèce dans le trou dans lequel elle est tombé et qu’en cela, ce qui lui arrive devrait avoir au moins comme mérite de nous faire enfin comprendre qu’on ne peut pas vivre indéfiniment au dessus de se moyens !

En ce qui concerne les mesures prises par Papandréou, et pour réagir à la pétition de l’Humanité et à ses disciples, elles me semblent à la fois avoir l’intérêt d’être symboliques et l’inconvénient majeur d’être insuffisantes.

Symboliques parce que contrairement à ce que prétend L’Humanité (et on en comprend bien les raisons), le peuple grec est responsable de la faillite de son Etat !!!

On ne peut pas, dans une démocratie dédouaner le peuple de la politique menée par ses dirigeants. A plus forte raison, lorsque celui-ci participe activement à l’affaiblissement de l’Etat via une fraude fiscale massive et une économie au noir envahissante estimée à plus de 25% du PIB.

A ce niveau, la fraude, la démagogie électoraliste, l’abus des subsides européens et la corruption sont de la responsabilité de tous !...Zeus n’y est pour rien !

Par contre, ces mesures tout aussi pénibles soient elles, sont à l’évidence insuffisantes pour aboutir au résultat annoncé (3% de déficit en 2014). Sur ce sujet, et même si je n’adhère pas vraiment à sa proposition miracle consistant à dévaluer l’euro (ce qui, sans garantie d'efficacité pour les grecs, provoquerait de l'inflation et donc des baisses de pouvoir d'achat pour tous les pays de la zone euro), le Privilégié fait une remarque tout à fait pertinente : « Bien au-delà de la crise financière, la Grèce a besoin de réformes de fond que personne n'évoque ».

Encore une fois, si la Grèce en est là c’est le fait de son mode de fonctionnement et de son organisation. Faire dans l’urgence, des économies en diminuant drastiquement les dépenses de l’Etat est certes important mais ne pourra certainement pas être suffisant s’il n’y a pas d’actions en profondeur.

Des réformes sont nécessaires pour rendre l’Etat plus efficace (cf. les incendies de forêt), réduire le poids de l’économie parallèle, lutter efficacement contre la fraude fiscale ou diminuer de manière significative les dépenses militaires ce qui suppose au préalable d’avoir réglé le conflit larvé avec la Turquie.

Sans ce travail de fond, les grecs ne rétabliront jamais durablement leur situation et la population risque de se lasser assez vite des efforts qu’on lui demande de faire et les Etats prêteurs de ne pas revoir leurs fonds (ce qui justifie notamment le surplus d'intérêt entre le taux auquel les états se financent et le taux auquel ils prêtent à la Grèce) !


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