Le cas grec amène beaucoup de blogueurs
à s’interroger sur les mesures que le Gouvernement de Papandréou a été forcé de
prendre afin de tenter de rétablir un tant soit peu la situation.
Beaucoup d’entre eux s’insurgent véhémentement contre l’effort demandé à la
population, considérée comme la victime expiatoire de l’indigence de l’Etat
grec, de la spéculation financière, des banques voire même des agences de
notation !
Certains vont même jusqu’à relayer
la pétition de l’Humanité à
l’accroche tout à fait explicite : « Le peuple grec n’est pas
responsable de la faillite de son Etat. C’est pourtant lui que les marchés
financiers et les institutions internationales veulent saigner à blanc. Signez
notre pétition en ligne. »
Pour ma part, et pour paraphraser l’excellente introduction du Faucon je dirais que même si la question
est difficile, même si je ne suis pas économiste, mais juste un pauvre plouc
des bords de la Seine qui se gèle un 4 Mai en regardant les nuages passer (il
ne pleut pas à Paris)...cette situation et ses commentaires m’amènent quelques
remarques.
Tout d’abord, le cas des grecs à un coté exemplaire assez
intéressant.
Dans beaucoup de pays et en particulier en France, on a l’habitude de
considérer que les déficits et l’endettement qui va avec, sont des variables
d’ajustement sans limite dans l’élaboration de notre modèle de société. Ainsi,
depuis des décennies, les choix politiques sont faits sans considération de
cette mesquine et vulgaire contrainte qu’est le financement. La conséquence en
est que de manière structurelle, la France s’endette non pas pour financer des
investissements susceptibles de créer de la richesse future mais simplement
pour assurer son fonctionnement.
Aux cassandres, comme François Bayrou, qui osaient alerter sur les dangers
d’une telle addiction à l’emprunt, on répondait inlassablement « vous avez
raison, il faut diminuer notre endettement, mais surtout sans toucher aux
dépenses publiques ! » ou pire encore « la France est endettée, eh
alors, ou est le problème puisqu’on ne remboursera jamais nos dettes !
».
Sans comparer tout à fait le cas de la Grèce avec celui de la France, on
peut quand même dire que c’est cette logique qui a conduit la Grèce dans le
trou dans lequel elle est tombé et qu’en cela, ce qui lui arrive devrait avoir
au moins comme mérite de nous faire enfin comprendre qu’on ne peut pas vivre
indéfiniment au dessus de se moyens !
En ce qui concerne les mesures prises par Papandréou, et pour réagir à la
pétition de l’Humanité et à ses disciples, elles me semblent à la fois avoir
l’intérêt d’être symboliques et l’inconvénient majeur d’être
insuffisantes.
Symboliques parce que contrairement à ce que prétend L’Humanité (et on en
comprend bien les raisons), le peuple grec est responsable de la faillite de
son Etat !!!
On ne peut pas, dans une démocratie dédouaner le peuple de la politique
menée par ses dirigeants. A plus forte raison, lorsque celui-ci participe
activement à l’affaiblissement de l’Etat via une fraude fiscale massive et une
économie au noir envahissante estimée à plus de 25% du PIB.
A ce niveau, la fraude, la démagogie électoraliste, l’abus des subsides
européens et la corruption sont de la responsabilité de tous !...Zeus n’y est
pour rien !
Par contre, ces mesures tout aussi pénibles soient elles, sont à l’évidence
insuffisantes pour aboutir au résultat annoncé (3% de déficit en 2014). Sur ce
sujet, et même si je n’adhère pas vraiment à sa proposition miracle consistant
à dévaluer l’euro (ce qui, sans garantie d'efficacité pour les grecs,
provoquerait de l'inflation et donc des baisses de pouvoir d'achat pour tous
les pays de la zone euro), le Privilégié fait une
remarque tout à fait pertinente : « Bien au-delà de la crise
financière, la Grèce a besoin de réformes de fond que personne n'évoque
».
Encore une fois, si la Grèce en est là c’est le fait de son mode de
fonctionnement et de son organisation. Faire dans l’urgence, des économies en
diminuant drastiquement les dépenses de l’Etat est certes important mais ne
pourra certainement pas être suffisant s’il n’y a pas d’actions en
profondeur.
Des réformes sont nécessaires pour rendre l’Etat plus efficace (cf. les
incendies de forêt), réduire le poids de l’économie parallèle, lutter
efficacement contre la fraude fiscale ou diminuer de manière significative les
dépenses militaires ce qui suppose au préalable d’avoir réglé le conflit larvé
avec la Turquie.
Sans ce travail de fond, les grecs ne rétabliront jamais durablement leur
situation et la population risque de se lasser assez vite des efforts qu’on lui
demande de faire et les Etats prêteurs de ne pas revoir leurs fonds (ce qui
justifie notamment le surplus d'intérêt entre le taux auquel les états se
financent et le taux auquel ils prêtent à la Grèce) !