USA, 2010
Réalisation : Louis Leterrier
Scénario : Travis Beacham, Phil Hay
Avec: Sam Worthington, Mads Mikkelsen, Ralph Fiennes, Liam Neeson, Jason Flemyng
Résumé: Lors d’une tempête, un navire de pêcheurs découvre en pleine mer un sarcophage contenant le cadavre d’une femme et un nourrisson en pleine santé. Le capitaine adopte le bébé et le nomme Persée. Des années plus tard, alors que l’humanité se rebelle contre les Dieux de l’Olympe dont ils contestent la bienfaisance, Persée (Sam Worthington) voit sa famille assassinée sous ses yeux par le Dieu des Enfers Hadès (Ralph Fiennes). Décidé à se venger, il se joint à une troupe d’élite pour trouver un moyen de stopper Hadès avant que celui-ci ne s’empare du trône de Zeus (Liam Neeson).
Louis Leterrier est un sympathique réalisateur, tout entier dévoué au plaisir du spectateur. Sa courte carrière ne compte pas de chefs d’œuvres impérissables du septième art, ni de films d’action révolutionnaires ou réellement mémorables, mais force est de constater que tous ses films divertissent suffisamment pour ne pas regretter d’avoir payé son billet. Exilé depuis quelques années à Hollywood, le réalisateur français est rapidement devenu un poulain bankable et s’est vu confier des films de plus en plus gros. Son dernier défi : remettre au goût du jour le dâté Choc des Titans de Desmond Davis. Une tâche dont il s’acquitte une fois de plus avec humilité et efficacité, même s’il rate le coche sur plusieurs points.
Difficile en effet de ne pas tiquer devant certains effets plus que kitch comme les armures très « chevaliers du Zodiaque » (dont Leterrier est un grand fan) des dieux de l’Olympe, ou l’épée sabre laser de Persée. Des fautes de goûts assez énormes qui tirent vers le bas un film par ailleurs plutôt bien emballé, même si son scénario prétexte brassant de façon plus (la gorgone Méduse, le passage aux enfers) ou moins (Pégase, Io incarnée par Gemma Atherton, absolument insupportable) harmonieuse divers morceaux de la mythologie grecque est loin d’être des plus réussis.
Autre gros défaut du film, Leterrier semble avoir totalement laissé tomber la direction de ses acteurs. Sam Worthington, monolithique, livre sa pire performance à ce jour, mâchoire carrée serrée et sourcils froncés tout du long. On est très loin de la finesse de son interprétation dans Terminator Renaissance ou Avatar. A l’opposée Ralph Fiennes est totalement en roue libre, comme à chaque fois qu’il n’est pas correctement dirigé et agace dans le rôle d’Hadès. Le seul à réellement s’en tirer est Mads Mikkelsen, qui assure avec une classe folle dans le rôle du guerrier Draco, et vole la vedette à Worthington dans chacune des scènes dans lesquelles il apparait.
Son savoir-faire, Leterrier préfère le concentrer sur les scènes d’action et les effets spéciaux de son film, il est vrai assez réussis. Le principal attrait du Choc des Titans 2010, c’est son impressionnant bestiaire, apte à contenter l’amateur de beaux monstres. Scorpions géants, djinns, gorgone, et surtout l’impressionnant kraken, tous sont impeccablement représentés à l’écran grâce à de magnifiques effets spéciaux. Du côté des scènes d’action, Leterrier fait preuve d’une bonne maitrise, notamment lors de la poursuite final au milieu de la ville détruite par le kraken. Seul point noir au tableau, la stupide et inutile 3D rajoutée sur le tard n’apporte absolument rien, voire pire, elle rend certaines scènes d’action à moitié illisibles. Un gros point noir dû à la stupidité d’un studio plus soucieux de grappiller quelques sous en plus plutôt que de respecter l’intégrité de l’œuvre. Et malheureusement, le phénomène ne fait que commencer…
Mais le principal problème du Choc des Titans 2010, c’est qu’il a à subir la féroce concurrence d’un outsider bien particulier, j’ai nommé l’ultra violent jeu vidéo God of War 3. Même si les supports sont différents, il est difficile de ne pas comparer les deux œuvres, vu qu’elles piochent aux mêmes sources. Et malheureusement, la comparaison n’est pas du tout en faveur du film de Leterrier. Persée ne fait en effet jamais le poids face au charismatique Kratos, et le jeu vidéo de Sony propose une relecture beaucoup plus réussie et respectueuse de la mythologie grecque (que ce soit au niveau des l’utilisation des mythes ou de la violence de ceux-ci) que son adversaire cinématographique.
Sans être aussi mauvais que ce qu’on a pu entendre, Le Choc des Titans version 2010 n’en reste pas moins un blockbuster manquant singulièrement d’âme et plombé par des choix douteux.
Note : 5/10