Eric Besson vient d'écrire à son collègue ministre de l'Intérieur pour lui préciser qu'en l'état actuel des textes, il sera impossible de déchoir de la nationalité française le mari de la conductrice sanctionnée pour avoir osé prendre le volant en portant un niqab. On se souvient qu'un policier zélé l'avait verbalisée dans la région de Nantes au prétexte que son vêtement l'aurait empêché de bénéficier de conditions de sécurité optimales alors même qu'elle pilotait son véhicule.
Brice Hortefeux avait pris de gros risques en rendant publique sa demande de déchéance de la nationalité française. Maints avocats et magistrats, experts en droit, avaint soulevé divers obstacles juridiques empêchant cette déchéance. Autrement dit, Hortefeux voulait briller à peu de frais et surtout au mépris de la législation. Ce qui, pour un ministre de l'Intérieur, est fâcheux.
Hortefeux est cet auvergnat aux saillies indiscrètes mais rendues publiques qui voit des musulmans partout : «Quand il y en un ça va, c'est quand il y en a plusieurs que ça pose problème.» Qui a oublié cette fameuse sortie lors d'un rassemblement de jeunes UMP qui nous avait donné également l'occasion d'apprécier la classe de M. Besson et son doigt d'honneur aux journalistes de Canal Plus ?
Continuons avec les ministres. On apprend aujourd'hui que Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères, a fait voter en première lecture au Sénat un texte obligeant les professionnels, sportifs, etc. pris en otage dans des pays jugés dangereux à rembourser les sommes engagées par l'Etat pour obtenir leur libération. Fort heureusement, la révolte des syndicats de journalistes va contraindre Kouchner à revoir sa copie devant l'Assemblée nationale : les journalistes et les membres des ONG humanitaires devraient être protégés de cette nouvelle loi totalement scandaleuse. Que quelqu'un ait pu imaginer d'appliquer un texte pareil à ceux et celles qui ont pour mission de décrire le monde et de le décrypter me laisse sans voix.