L’Inde est la destination favorite, pour la sous traitance informatique et les grands ténors de l’informatique, attirés par des coûts salariales moindres, s’installent dans la “Sillicon Valley” indienne : Bangalore. IBM, Capgemini ou encore AOL, se sont laissés séduire, et sous traitent une partie de leurs activités en Inde. Si on connait le sentiment assez critique des salariés occidentaux vis à vis de l’offshore, il est plus rare d’avoir l’avis de ces salariés indiens de grands groupes informatiques étrangers. Et une question se pose : comment les informaticiens indiens vivent -ils l’offshore ? Il semblerait que le constat soit plutôt négatif …
L’offshore, est souvent mis à mal dans nos pays occidentaux. Pourtant, cette pratique contribue à transférer de la valeur et participe au développement de pays en difficulté, c’est du moins ce que Xavier Bernard explique dans Ressources et Potentiel. L’Inde depuis cette vague d’externalisation mènent des actions de modernisation de ses infrastructures et investit dans la formation de ses citoyens pour attirer les investisseurs. Un plan de rénovation qui profite à tous les indiens et qui a permit à l’Inde d’afficher en 2007 une croissance à 8%. Si le gouvernement indien essaie par tous les moyens de charmer les SSII occidentales, ces dernières ne sont pas en reste et mettent toutes leurs énergies à appâter les jeunes cadres indiens avec quelques avantages … Il faut souligner que l’Inde totalise un turn over dans l’IT, plutôt élevé atteignant les 19%. Du coup pour éviter la pénurie de main d’œuvre, les SSII investissent dans le confort des salariés : locaux immenses et modernes, salle de tennis, crèche, salle de ping pong, cantine ouverte 24h/24h … Lorsque l’on interroge un salarié indien d’une SSII, il n’hésite pas à faire part de son grand enthousiasme.
Pourtant, si les témoignages semblent montrer une certaine frénésie, les chiffres sur la santé des informaticiens eux révèlent le contraire. La Sillicone Valley indienne affiche des taux de suicide record et classe tristement Bangalore comme la ville la plus suicidaire d’Inde, où l’on dénombre 17 suicides pour 100 000 personnes (selon l’OMC). La cause principale de ces suicides serait le stress professionnel. D’après une étude publié par India Today, un informaticien indien sur 20 penseraient régulièrement au suicide, 36% d’entre eux sont considérés comme des “cas psychiatriques” et 10% vivent dans une souffrance mentale importante et continuelle lié au stress. Une autre étude mené par Dataquest et IDC mettent en évidence les maladies que contractent les informaticiens indiens des entreprises spécialistes de l’externalisation. En effet, 32% des salariés de ces sociétés souffrent de troubles du sommeil, 25% de problèmes digestifs et 20% se plaignent de problèmes de vue. Selon les auteurs de cette étude, ces maladies seraient liés aux conditions de travail éprouvantes.
Des difficultés que les indiens semblent dissimuler … c’est un peu la loi du silence qui s’opère selon un article du Mag IT. Le pouvoir syndical est très peu suivi d’après le journal Humanité, pourtant les conditions de travail méritent qu’on s’y intéresse de près. Khartik Shekkar (secrétaire générale du syndicat Unites Professionnal en Inde) interviewé par le MagIt, déplore le non paiement des heures supplémentaires, et le temps de travail qu’il juge excessif. En moyenne, un jeune cadre informatique travaillerait 2 à 3h quotidiennement de plus que les 8h payées “officiellement”.
Aujourd’hui, sans la mobilisation des salariés il est difficile de rendre compte de telles conditions et de se forger un avis concret de l’offshore.