Rencontre avec Dany Laferrière autour de ses livres et particulièrement de L’Énigme du retour (Grasset). Organisée en liaison avec le salon Livre et du Vin de Balma le 7/8/9 mai.

Par 509
Jeudi 6 mai 10 de 18H00 à 20H00
http://www.ombres-blanches.fr/prochaines-rencontres/detail/rencontre/1283/dany-laferriere/l-enigme-du-retour.html
Rencontre avec Dany Laferrière autour de ses livres et particulièrement de L’Énigme du retour (Grasset). Organisée en liaison avec le salon Livre et du Vin de Balma le 7/8/9 mai.

L'Énigme du retourGrasset 19.00 €
Dany Laferrière est né à Port-au-Prince en 1953. Devenu critique littéraire, il quitte Haïti quand, en juin 1976, un journaliste influent est assassiné par les « tontons macoutes », marquant le début de la dérive ubuesque de la tyrannie des Duvalier. Établi à Miami, c’est là qu’il a écrit 10 romans qui, de son point de vue, forment un seul livre : son « autobiographie américaine ». On se rappelle l’un des plus connus, Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer (Belfond, 1989), suivi de plusieurs romans publiés au Serpent à Plumes repris des catalogues quebecquois : Le Goût des jeunes filles (2005), Je suis un écrivain japonais (2008), Vers le sud (2006) tous 3 chez Grasset.
« Par quoi ce long et insidieux roman-récit autobiographique saisit-il le plus ? Par les audaces, couleurs, sonorités et rythmes d’écriture, vers libres et prose mêlés ? Par le propos politique désenchanté sur une île détruite et trop vite oubliée – Haïti –, par une réflexion mélancolique et fine sur l’exil, par la quête amoureuse du père héros, par la sensualité de scènes étonnantes, croquées dans la lourde tiédeur de l’instant ? Tout à la fois. Dans cet inclassable ouvrage, l’écrivain québécois Dany Laferrière, 56 ans, conte son retour au bercail, là où il a appris plaisir, désir, idéal, devoir, douleur, séparation. Le lieu fondateur qu’il avait fui en 1976 pour Montréal, au Québec, quand la dictature de Duvalier fils et de ses tontons macoutes devenait trop dangereuse pour le journaliste opposant ; trop infernale. Son père, Windsor Klébert Laferrière, maire révolutionnaire et « communisant » de Port-au-Prince dès l’âge de 23 ans, avait dû lui-même quitter l’île, pour ne jamais y revenir, à la prise de pouvoir de Duvalier père. En 1957. Dany avait 4 ans. Il n’a plus jamais revu celui à qui ses compatriotes vouèrent un culte et que sa mère n’a plus cessé d’aimer à distance, ne voulant jamais quitter Haïti. C’est précisément pour la prévenir de la mort du compagnon vénéré, disparu dans le plus grand dénuement à New York, que revient un beau matin le fils, curieux de ses origines et du fantôme du père. Il en traque les traces auprès des vieux disciples, part au village natal, interroge le passé en même temps qu’il explore le présent, et retrouve peu à peu des racines à peine oubliées. En poète, et sans pathos, Dany Laferrière évoque un peuple qui a fini par perdre tout espoir sans en souffrir, à qui suffit avec une antique sagesse l’infinie sensation d’être. Lire L’Énigme du retour alors devient voyage initiatique.
Voyage sans illusions chez les pauvres d’entre les pauvres et voyage pourtant dans la beauté du monde et des choses. Dany Laferrière nous promène en équilibre fragile sur des frontières périlleuses que tout autre que lui n’aurait jamais osé affronter.»
Fabienne Pascaud, Telerama, 19 septembre 2009