04 mai 2010
Homéopathie, idéologie, consommation:
Souffle nouveau.
Les Lumières apportèrent un souffle nouveau. La Révolution française, malgré ses crimes, changea positivement les mentalités. D'une façon irréversible. Même si d'aucuns pensent encore qu' « avant c'était mieux ». La rationalité fut ressentie par les réactionnaires comme « froide » tandis qu'on « avait perdu les vraies valeurs » et autres fadaises qui demeurent contemporaines. C'est refuser de voir la générosité des esprits clairs, l'amour même qu'ils apportent.
Désenchantement.
Le refus de la « pensée magique » , des superstitions, des ostracismes a rendu chacun libre. C'est à dire responsable. Et la liberté, ce n'est pas un cadeau pour les esprits épais. Le refus des traditions obtuses et de l'obscurantisme a déterminé, chez eux le « désenchantement occidental », avec la trouille de la modernité, la lâcheté devant le progrès qui est aussi la marque de notre temps avec la mouvance écolo-bio.
EFFICACE .
Les Lumières, donc, ouvrirent les esprits. La rationalité créa maints progrès. Dont celui de la médecine. Après la Révolution, en effet, ce fut une apothéose. Corvisart, Bichat, Bayle, Laennec, Bretonneau, Dupuytren, Récamier, Nélaton, Baudelocque furent des génies tandis que Pinel libérait les « fous » de leurs chaînes devant Couthon, ébahi. Larrey fit progresser la chirurgie, hélas, grâce aux guerres. Bref, la seule médecine EFFICACE naquit alors et continue d'évoluer. Il est scandaleux que ces grands médecins, leur histoire, leurs découvertes ne soient pas connus de tous! On préfère le foot! Et si l'on se montrait reconnaissant?
Réformes.
Pour cela, il a fallu qu' Antoine de Fourcroy (1755-1809) présente à la Convention un projet de réforme après la chute de Robespierre. Celui-ci est accepté par le décret du 4 décembre 1794 (14 frimaire an III) et décide la fondation de trois Ecoles de Santé à Paris, Strasbourg et Montpellier. Ces Ecoles de Santé seront intégrées à la nouvelle Université. Cabanis et Chaptal créèrent un enseignement commun de chirurgie et de médecine. Bref, un ménage fut fait. Ouf, de l'air! On en était encore à la médecine des médecins de Molière (qui refusaient le progrès de leur temps) qui ressemble parfois étrangement aux médecines traditionnelles qui reviennent à la mode. Et qui commencèrent à avoir du succès en occident avec les modes orientalisantes venant de pays à l'état sanitaire déplorable et aux systèmes gouvernementaux ignobles, tyranniques, monstrueux!
Réaction!
C'en était trop pour les réactionnaires, les nostalgiques, les obscurantistes! En plus, la France! Oui, la France, arrogante, qui défiait le monde, la France de Valmy, seule contre tous! La france révolutionnaire haïe dépassait tout le monde et créait un enseignement exemplaire de la médecine tandis que les médecins dépassaient tous les autres par leur efficacité, comme par la grandeur de leurs esprits. Il fallait réagir. La réaction, au sens propre ne se fit pas attendre.
Hahnemann.
Parmi un tas de foldingues secoués, inventant des médecines bêtes, un médecin formé « à l'ancienne », avec théorie des tempéraments, vitalisme, et tralala fumeux plus ou moins mêlés d'occultisme, un type instable et réactionnaire inventa un truc épatant avec petit rituel de prise: l'homéopathie. Résolument passéiste, mais voulant contrer pour des raisons idéologiques et politiques la grandeur de la médecine française, elle ressuscita de vieilles croyances et, par son rituel « magique » d'administration satisfit les esprits rétrogrades. Rêverie de l'ineffable, de la substance en soi, laissant sa trace même disparue. Il y a du sacré là-dessous!
Tarots et Fouché.
Le tout se montrait bien chrétien planplan, l'homéopathie permettait d'avoir l'air moderne et dissident tout en réactivant un courant réactionnaire odieux. Cette réaction des désenchantés fut complète: ce fut le temps de la voyance avec le tarot de l'épatante Madame Lenormand et, comme aujourd'hui, l'idéologie de la nature voisinait avec des mysticismes divers tous aussi malsains et obscurantistes les uns que les autres. Fouché en était ravi! Pressé de prohiber l'homéopathie, il s'en garda bien: plus il y aurait de croyances à la con, plus il serait facile de gouverner d'une main de fer!
Encore fécond!
Les « médecines douces (à quand les « maladies douces »? Le sida doux, le cancer doux?) sont du même tonneau. Il s'agit du « désenchantement atralantique », montré par Weber. Le refus du progrès,la vision réactionnaire du monde. Et ces médecines, avec l'idéologie de la nature ont, évidemment d'abord plu à quelques milittants mystiques, théosophes, naturistes, dans la mouvance des idéologies menant aux totalitarisme et particulièrement au nazisme (je résume, évidemment! Mais il suffit d'étudier la question pour comprendre crette filiation directe et évidente! Et qu'on nie complaisammênt..alors qu'on s'en glorifiera peut-être sus peu! Car le ventre est encore fécond...).
Mépris.
C'est bien pourquoi il est inutile de réfuter l'homéopathie! Mêle si l'on trouvait mille preuves de son inefficacité, ça ne convaincrait pas les fervents, les désenchantés, ceux qui ont besoin de croire et de s'insurger contre « les grands laboratoires », nouvelle hydre (bien sûr, ils ne sont pas blancs-blancs... Mais ils sauvent des vies!) sociale bien propre à faire jouir les pouacres se lançant dans d'intenses « performances émotives » étalant un « indignation vertueuse » décorative et complaisante. Plus on réfutera, plus ils se gonfleront d'orgueil, de condescendance et de mépris. Ce qui est normal vu qu'ils sont généralement proches des écolos-bio.
Confortable.
L'homéopathie, comme le bio, est un mode de consommation discriminant, une marque de distinction sociale. Comme tant de pratique concernant la « santé à tout prix », sauf le juste. Le réac ses conforte et l'on a vu réapparaître la théorie des tempéraments, vieille lune, renaître avec la naturopathie et ce n'est pas le seul exemple de survivance d'un passé d'ignorance fiérote et de connerie badplaf! Produit idéologique et pratique de la société de consommation, elle semble la combattre tout en étant une de ses parties. Elle conforte ses adeptes dans le sentiments d'appartenir à une élite consciente,leur propos une autosatisfaction méprisante: elle est indispensable! S'il ne s'agissait que de médecine, efficace, on ne ferait pas tout ce chambard... Nous sommes dans l'idéologie, avec un beau rituel quasi-liturgique de petites sphères blanches à ne pas toucher de nos mains impures. Car l'idéologie du pur et de l'impur, semblable à celle du bon goût-mauvais-goût, et tout aussi bourgeoise se manifeste aussi dans ce machin réactionnaire et confortable. La question de l'efficacité devient, donc, secondaire... Il faut y croire, sinon, on est ringard!