Lola. Une nouvelle histoire emprunt de véracité. Un nouveau cadre de vie décrivant, racontant Manille, la ville aux multiples vies qui bouillonnent, des vies brouillonnent se mélangeant dans une cacophonie de fin de monde. Manille, ville sali, sombre par un temps qui se couvre. Un ciel grisâtre comme une étrange métaphore à ce qui se joue sur la terre ferme ou bien sur les eaux qui ont inondées ces rues, ces ruelles étroites où la fiction narrative de Brillante « Dante » Mendoza excelle à nous plonger au cœur de l’effroi. Le cinéaste philippin continue à avoir cette volonté d’observer, d’être témoin du drame qui se joue mais aussi cette volonté de nous impliquer. Cette volonté que nous devenions également les témoins de cette survie balancée à l’écran crûment, que nous soyons plus que de simple spectateur mais que nous soyons dans Manille, tenant la main de ces deux Lola que l’amour guide. L’amour, la tristesse, l’envie de justice (de vengeance aussi) ou bien encore l’instinct de préservation.
Lola est de ces films qui vous touchent, vous émeut, qui parvient à vous faire plisser les traits du visage, qui vous émerveille aussi. Mais il n’y a jamais du beau pour faire beau même lorsqu’un plan resplendit par sa beauté qu’elle soit lugubre ou non. On aime Lola pour tout ça et pour bien d’autre chose encore que les mots ne parviennent pas toujours à retranscrire et où l’image est plus forte, comme le silence d’une scène vaut plus que tous les meilleurs dialogues. Un regard, un geste valent plus que toute explication et analyse parce que ce qu’ils provoquent, ces gestes, ces regards furtifs ou bien arrêtés nous parlent en notre for intérieur. Ils communiquent les sentiments humains que nous avons tous au fond de nous-mêmes, au plus profond. Ce que ces deux « lolas » vivent, nous le comprenons même lorsque le geste est criminel, nous pouvons pardonner. Lola est un autre chapitre, se refermant sur un plan éloigné, comme si la caméra de Dante Mendoza abandonnait nos deux grands-mères fatiguées, comme si elle s’en allait plus loin, pour décrire, raconter un autre chapitre, d’autres instants de vies d’une œuvre qui se veut sans fin et dont encore nous ne sortirons pas indemne…
I.D.