Franco Pellizotti va donc être sanctionné par l'UCI, en raison de valeurs anormales dans son passeport biologique.
Cette nouvelle devrait être bonne pour le cyclisme. La méthode du passeport biologique porte ses fruits. On cherche des tricheurs, on en trouve.
Oui, mais voilà... Dans le sport moderne, ce genre de nouvelles n'est pas si réjouissante. D'abord, on le sait, il y a une criante inégalité entre sportifs. Les cyclistes font partis des professions les plus contrôlés. Et ces contrôles n'ont rien d'une partie de plaisir : contrôles sanguins (chouette, une piqûre), obligation de déclarer ses moindres mouvements, contrôleurs débarquant sans crier gare que l'on soit au restaurant en famille, ou au lit avec sa fiancée...
A côté de ça, d'autres sports (bien plus médiatiques et bien plus riches) ne font pas grand chose. Personne ne s'en inquiète (ni les instances sportives internationales, ni les gouvernements, ni les médias). On considère que dans les autres sports, le dopage n'a pas la même influence sur les performances, et qu'il n'est donc pas utile de débusquer les tricheurs. C'est à la fois faux, profondément injuste, et finalement dangereux pour la santé des sportifs.
Bref, en théorie, l'annonce de procédures disciplinaires à l'encontre d'un coureur dopé devrait être une bonne nouvelle. Mais voila, elle pose plusieurs problèmes.
Le premier, c'est que l'on est surpris d'apprendre que les paramètres sanguins "anormaux" de Pellizotti datent de début juillet 2009. Effectivement, la procédure pour confondre un dopé via son passeport est longue. Pellizotti a été contrôlé à plusieurs reprises après le Tour de France 2009. C'est la différence entre ces analyses (début juillet) et les suivantes, qui ont permis de détecter une anomalie. Il n'était pas possible de l'exclure sur la seule prise de sang de début juillet.
Reste que pour le commun des mortels, l'annonce semble bien tardive. On aurait aimé que Pellizotti soit mis hors-course plus tôt et ce retard va induire le doute dans l'esprit de tous ceux qui suivent le vélo.
Doit-on attendre 10 mois avant de pouvoir applaudir enfin la performance d'un cycliste ?
Le deuxième soucis concerne les sponsors. Sur le Tour de France 2009, Franco Pellizotti a remporté 2 trophées majeurs : le grand prix de la montagne (meilleur grimpeur), et celui du super-combatif. On imagine que les belles photos des remises de bouquets, avec le nom du partenaire écrit en gros, posent maintenant problème. A terme, on le sait, ce genre d'affaire finissent pas lasser les partenaires financiers, qui vont voir si l'herbe n'est pas plus verte ailleurs. Heureusement, il y a également des scandales dans d'autres sports ! :-)
A cause de quelques tricheurs, le monde du vélo risque donc de se couper de son public, qui doute, et des ses partenaires, qui ne veulent pas qu'on porte atteinte à leur image. Le passeport biologique est sans doute une arme efficace. Mais pour contenter les fans et les sponsors, il faudrait vraiment que les irrégularités puissent être détectées plus rapidement.