Le gouvernement s’emballe en raison de la mobilisation du 1er mai, faible à ses yeux. C’est d’ailleurs une drôle de manière de célébrer la fête du travail qui est censée être un moment où même le gouvernement devrait pouvoir se réjouir que des hommes et des femmes se mobilisent, qu’ils soient de gauche comme de droite, parce que cette fête n’a pas d’autre signification en soi que celle qui consiste à dire que certains ont perdu leur vie pour gagner leur dignité dans le travail et d’être rémunérés correctement en fonction de la richesse produite. Le gouvernement tire argument que cette faible mobilisation encourage sa réforme des retraites qui consisterait à repousser l’âge légal à 61 ans en 2015, à 62 ans en 2020 et à 63 ans en 2030. Un sondage de TNS Sofres du 12 avril 2010, nous indique que 56 % des Français sont hostiles à un report de l’âge légal à 60 ans. Le 20 avril, 58 % des Français interrogés par BVA considèrent que la position du maintien du départ à l’âge légal, est légitime, car il s’agit d’un acquis social sur lequel on ne doit pas revenir. Ces différents sondages montrent que les Français sont attachés à ces acquis, mais pas de manière fétichiste, sous prétexte que rien ne devrait bouger. Rien ne serait pire que le statu quo, nous encourageons au contraire le gouvernement au mouvement. Mais ce mouvement ce n’est pas aujourd’hui comme il le fait, de céder aux oukases du Medef. Le mouvement c’est : > la mise à contribution des revenus financiers non assujettis aux contributions sociales, > l’élargissement de l’assiette des cotisations patronales à la valeur ajoutée, > la mise en oeuvre d’une taxe exceptionnelle dans le secteur bancaire, de 10 % supplémentaires à l’impôt sur les sociétés, > de s’attaquer au taux de chômage indécent des jeunes et des seniors. C’est cela le mouvement et non ce que préconise le gouvernement, d’un côté repousser l’âge légal et de l’autre à court terme, piller le fonds de réserve des retraites, conçu par Lionel Jospin comme un moyen pour préserver la retraite des jeunes. Ce sont essentiellement les salariés et les retraités qui paieront le fardeau de cette réforme. Les objectifs sont de court terme, rétablir l’équilibre pour que Nicolas Sarkozy puisse s’en prévaloir, alors qu’une véritable réforme doit s’attaquer à l’ensemble de la problématique, notamment la stratégie de croissance et d’emploi. Le gouvernement décide de passer en force et cela illustre le simulacre de concertation, alors que dans les faits tout était préparé depuis longtemps.