Théâtre des Nouveautés
24, boulevard Poissonnière
75009 Paris
Tel : 01 47 70 52 76
Métro : Grands Boulevards
Ma note : 8/10
L’argument : L’homme et la femme sont-ils vraiment faits pour vivre ensemble ? Le couple a-t-il un avenir ? Roland Magdane va nous expliquer pourquoi l’homme et la femme sont si différents… Les enfants sont-ils vraiment une source de bonheur ? Nous retrouvons son fils Benoît qui continue toujours péniblement ses études avec un apprentissage très laborieux de la langue anglaise… Et peut-on parler d’amour sans parler de sexe ? Magdane, qui n’a jamais parlé de sexualité sur scène, va enfin se lâcher !
Mon avis : Roland Magdane nous laisse à peine le temps de nous poser qu’il déboule, l’air bonhomme, l’œil et la moustache sui frisent, le sourire malicieux et, tout de go, il lâche une salve d’aphorismes et de réflexions qui ont le don de nous mettre en joie. C’est qu’elles sont drôlement bien trouvées ces observations. C’est tout à la fois d’une logique imparable et d’un degré d’absurde poussé à son extrême qui nous donnent à réfléchir. Content de son effet, il faut le voir jubiler devant les réactions du public… Et il enchaîne illico presto avec un sujet on ne peut plus universel et, pourtant si personnel, le sexe. Il commence chronologiquement en nous narrant ses premiers émois. Des premiers émois hélas considérablement contrariés par les effets dévastateurs et pernicieux d’un maillot de bain en laine tricoté main avec amour par sa maman. Déjà, au naturel, un slibard de cette matière, c’est croquignolet, alors imaginez quand il est mouillé et alourdi par l’eau de mer. Magdane excelle dans ce genre de comique de situation avec force descriptions et images surréalistes… Ensuite, respectueux de la chronologie, il passe à l’adolescence, ce qui donne lieu à un sketch truffé de détails dans lequel il évoque pêle-mêle les méfaits du « basilic » et ses tentatives de compréhension d’un rejeton pour le moins affligeant. Rire non stop garanti.
Imperturbable, il fait celui que les rires offusquent. Il s’indigne, s’insurge, augmentant évidemment les hoquets incontrôlables… Il en profite pour nous sortir une première lettre. La version 2010 de la bafouille du soldat, qu’il se met à nous lire avec ce ton chantonno-traînant si particulier. L’occasion pour lui de nous faire faire connaissance avec des grands-parents très hauts en couleurs… Après un petit détour sur « Mémé découvre les sex toys », il revient à lui pour nous décrire sa première expérience sexuelle et, de délire en délire, il nous entraîne dans un voyage inter sidérant qui se termine par une cure à Quiberon après un crochet sentimentalo-gastrique via l’Amazonie.
Il entre alors dans le cœur du débat proprement dit : les relations hommes-femmes. « C’est pas évident la vie à deux », annone-t-il comme un refrain. Là, il atteint des sommets de drôlerie. Il énonce les phrases qui tuent, rebondit avec des chutes inattendues, émaille ses propos de références issues du vécu, le tout étant émaillé de sortes de gimmicks qui donnent encore plus de rythme à ce chapitre qui nous concerne tous.
En guise de rappel, il extirpe une nouvelle lettre de sa poche pour nous célébrer les exploits de pépé. Alors que la salle hurle de rire devant les turpitudes de l’ancêtre, il lui adresse des regards accablés, outré que l’on puisse ainsi se gausser de sa famille. Et puis il enchaîne en guise de bouquet final avec une nouvelle salve de petites phrases de la même veine et de la même inventivité que celles du début. Sincèrement, je m’étais rarement trouvé ainsi immergé dans une houle d’épaules en train de se secouer nerveusement comme si le public n’était constitué que d’une armée de Sarkozy…. C’est vraiment impressionnant. Et, même si certains se montrent un peu trop démonstratifs en sautant dans leur siège ou en répétant tout haut la blague qui vient d’être dite, ce doit être très agréable et réconfortant pour un artiste de provoquer une telle hilarité.
Tout au long de ce one-man show Roland Magdane nous distille un humour très fin, remarquablement écrit et fort bien joué. Il est véritablement à son meilleur.