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Publié le 29 juillet 2007 par Raymond Viger

L’océan Arctique n’a pas encore révélé tous ses secrets, particulièrement dans les replis microscopiques de ses profondeurs. Une équipe de recherche internationale, à laquelle participe une Québécoise, vient de mettre à jour de nouvelles formes de vie provenant de cette zone méconnue de la planète.

Cette découverte de microorganismes marins presque invisibles à l’œil nu fait l’objet d’un article scientifique dans une récente édition de la revue Science.  » Cette découverte de nouveaux organismes est importante, car elle démontre qu’il y a bien plus de diversité que nous ne l’imaginions « , s’enthousiasme la biologiste Connie Lovejoy de l’Université Laval. Elle expliquerait même d’anciennes mesures erronées incompréhensibles pour les scientifiques.

Ce nouveau groupe d’organismes microscopiques a été baptisé  » picobiliphyte  » : pico en raison de leur taille minuscule, bili à cause de biliprotéines, substances aux propriétés fluorescentes transformant la lumière en biomasse et phyte, pour végétaux.

Les échantillons de picobiliphytes ont été prélevés dans l’océan. En filtrant l’eau, de minuscules particules se sont trouvées emprisonnées dans les filtres. Au laboratoire, les chercheurs ont extrait l’ADN des microorganismes pour l’analyser.  » En comparant les séquences d’ADN, nous pouvons construire les arbres d’évolution et ainsi classifier les organismes vivants « , explique la biologiste.

Premiers maillons de la chaîne alimentaire

Ces nouvelles formes de vie des mers nordiques offriraient des pistes de réponses sur la provenance des eucaryotes. Une des théories privilégiées affirme que ces organismes, munis d’organites et d’un cytosquelette et donc plus compliqués que les bactéries, seraient une combinaison d’autres organismes dont ils auraient pris le contrôle au cours de l’évolution.  » Un petit peu comme cela se passe pour les petites compagnies, qui sont absorbées par les plus grosses, les dirigeants remplacés et l’organisation soumise à la plus grande compagnie. Ici, les picobiliphytes ont acquis la photosynthèse des bactéries « , relève Connie Lovejoy.

Les picobiliphytes possèdent des chloroplastes, organites liés à la photosynthèse. Cette ancienne caractéristique permettrait de retracer le transfert de gènes des bactéries aux eukaryotes.  » Ils représentent une sorte de fossiles vivants pour comprendre comment sont advenues certaines des étapes de l’évolution « , affirme la chercheuse.

Source de photosynthèse et de nourriture pour le zooplancton, ces nouveaux microorganismes appartiennent à la chaîne alimentaire marine. Un écosystème complexe et vulnérable encore bien mystérieux.

À lire :

« Picobiliphytes: A Marine Picoplanktonic Algal Group with Unknown Affinities to Other Eukaryotes » par Fabrice Not, Klaus Valentin, Khadidja Romari, Connie Lovejoy, Ramon Massana, Kerstin Töbe, Daniel Vaulot, Linda K. Medlin dans l’édition du 12 janvier dernier de la revue Science :

http://www.sciencemag.org/cgi/content/abstract/315/5809/253