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Publié le 08 août 2007 par Raymond Viger

Lors d’une tournée à travers le Québec, en 1979, les rédacteurs en chef des hebdomadaires souhaitent des articles pour les enfants. Je découvre que l’Ontario Science Center (OSC) publie depuis 3 ans, dans le Toronto Star, des expériences pouvant être réalisées à la maison avec des produits d’usage courant. L’OSC me donne accès au matériel déjà réalisé et nous le traduisons. La première chronique « Le petit débrouillard » devient accessible aux hebdos.

Nous étions à l’époque des belles années d’Astérix, d’où le nom du chroniqueur: Scientifix. Le succès est instantané! Après un an de publication, je rencontre Jean-Marc Gagnon, éditeur de Québec Science et de livres de vulgarisation pour les Presses de l’Université du Québec, afin de proposer de réunir les chroniques dans un livre. Il ne croyait pas que le marché était prêt. Il avait besoin d’une subvention pour se convaincre de lancer l’idée.

Nous étions hébergés gratuitement dans les locaux de l’Association francophone pour le savoir (ACFAS). J’ai convaincu Serge Hamel d’investir financièrement dans le recueil. Jacques Goldstyn, vient d’être embauché par Science Presse. Il crée de nouvelles illustrations pour le recueil, ainsi que 5 personnages, sympathiques et expressifs, qui évolueront avec les années.

Juste avant de finaliser le manuscrit, un autre éditeur sort un livre de vulgarisation scientifique. Malgré la compétition, notre éditeur, Jean-Marc Gagnon, prends le risque d’imprimer 5000 copies. Un article de François Huot dans L’actualité, nous donne un coup de pouce. Dès la sortie, en avril 1981, le recueil se vend comme de petits pains chauds. Des ventes de 1000 exemplaires par mois. Le livre est un des plus vendus au Québec, tous genres confondus.

Le club des petits débrouillards

Il y avait déjà Expo-Science pour les élèves du secondaire et les Clubs-Sciences pour le cégep. Pour les plus jeunes, les Cercles des jeunes naturalistes animaient les écoles pour les sciences naturelles. Avec la diminution de la présence des aumôniers dans les écoles, ces cercles avaient tendance à disparaître. Le succès des chroniques et du livre nous pousse à aller plus loin. D’où l’idée d’en faire un magazine et de préparer des animations surtout en dehors de la classe.

Les grands médias

En 1985, pendant 5 années, La Presse nous a acheté une chronique hebdomadaire d’une page complète. Ensuite, Le Journal de Montréal a poursuivi l’expérience pendant 3 ans. Nous rêvions de faire de la télévision, ce qui est devenu réalité, lorsque, en 1990, et pour les 4 années suivantes, Radio-Canada a conçu l’émission Les débrouillards, animée par Grégory Charles et Marie-Soleil Tougas. C’est avec le passage à la télévision que le nom est devenu tout simplement Les débrouillards au lieu des Petits débrouillards. À la télévision, le terme « petit » signifie les 3 à 6 ans.

Après un arrêt de 3 ans, l’émission est reprise pour 4 ans par Radio-Canada et ensuite, elle fait une dernière année avec Télé-Québec. Nous travaillons actuellement pour un retour des Débrouillards à la télévision. C’est une aberration qu’il n’y ait rien pour les jeunes en télévision scientifique! Les diffuseurs publics comprennent-ils leur mandat?

Dernièrement, c’était la semaine des magazines jeunesse. Pour notre hors série artistique, « DébrouillARTS », je n’ai eu que 5 entrevues à la radio, dont une en Alberta, une à Ottawa et une autre à Toronto! La science n’est vraisemblablement pas assez présente dans les médias québécois!

L’objectif est de rejoindre le plus d’enfants possible. Certains apprennent en touchant, d’autres en lisant ou en regardant. Télévision, journaux, magazines, clubs dans les écoles, centres culturels, services de garde, etc. Le mouvement s’est développé. Nous avons été approchés pour faire une encyclopédie électronique et un site Internet. Un professeur de sciences à la retraite utilise son immense domaine à Arundel, dans les Laurentides, pour organiser le camp officiel des Débrouillards… Même le Zoo de Granby a fait une caverne nommée Les débrouillards!

Les « débrouillards » ont dû s’adapter aux changements culturels. Au début, il y avait 3 gars et 2 filles. Nous sommes passés à 3 gars et 3 filles. Ensuite, nous nous sommes rendu compte que les personnages étaient tous blancs, ce qui ne reflétait pas la nouvelle réalité. Nous avons ajouté un personnage d’origine Vietnamienne et une Noire. Avec le quatrième livre sur le jardinage, Jacques Goldstyn, qui est demeuré notre illustrateur, a créé une grenouille. Elle intervient partout. Elle dit tout haut ce que plusieurs pensent tout bas. Un peu délinquante et politiquement incorrect!

L’Europe

Deux animateurs ont participé à un voyage avec l’Office franco-québécois de la jeunesse pour présenter à la France notre concept. Des Français ont aimé ça et ils ont créé leur propre association française des petits débrouillards. Les arrondissements français s’impliquent beaucoup auprès des jeunes.

Il n’est pas facile de percer et de survivre au Québec. En France, le marché est prêt à payer et à investir dans ces magazines. Au Québec, nous avons vu disparaître Vidéo-Presse, Hibou, Colicou, Les 100 Watts, Zip, Pignouf. Le problème, c’est que, dès que les jeunes arrivent au début de l’adolescence, ce ne sont plus les parents qui décident quels cadeaux donner à leurs enfants. Nous devenons alors en compétition avec les jeux vidéo, Internet, la musique, les sorties entre amis, le cinéma…