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Publié le 13 août 2007 par Raymond Viger

Pour Luc Dieu, hypnothérapeute, les phobies seraient en nombre infini, puisqu’elles se nourrissent précisément d’éléments situationnels. Comme photographiés, les détails de la scène du drame resteraient gravés dans la mémoire et dans le corps de « la victime de ce concours de circonstances. »

Un enfant brutalisé par son père pourrait ainsi associer son malaise non pas à la violence paternelle, mais à autre chose. À l’odeur de cuir par exemple, si l’enfant se fait frapper avec une ceinture. Une phobie peut donc aboutir à une autre, par association. « Avec cette façon de s’installer, on peut développer une phobie avec n’importe quoi! »

S’adapter ou éviter

Chaque individu réagit différemment face à une situation angoissante ou embarrassante. Certains vont adopter un comportement d’évitement, d’autres auront la faculté de s’adapter et dissimuleront leur gêne sous le rire ou la plaisanterie, illustre Jean Rémi Provost, le directeur de Revivre, une association québécoise destinée aux personnes souffrant de troubles anxieux, dépressifs et bipolaires. Dans le premier cas, l’environnement représente une menace pour l’individu. C’est donc un terrain fertile au développement de la phobie.

Puisqu’elles concernent le rapport avec autrui, la phobie sociale et l’agoraphobie auraient plus de répercussions sociales que la phobie spécifique (vis-à-vis de quelque chose de précis, comme la peur des araignées). « On ne choisit pas de s’isoler du monde. Il s’agit d’une réponse comportementale à une situation que l’on ne sait pas gérer, et donc que l’on préfère éviter », précise Jean Rémi Provost. Selon le Dr Martin Tremblay, les phobies engendrent souvent des complications majeures, comme la toxicomanie, la dépression ou encore l’alcoolisme, qui renforcent l’isolement de l’individu.

Quant aux phobies plus rares, comme la phobie du bâton de réglisse, elles sont, d’après lui, souvent le prélude à d’autres maladies mentales, telle la schizophrénie. Lorsque le comportement du phobique s’éloigne de la norme, les mots fusent. Et blessent. « Dès que quelqu’un sort du lot, les autres s’en méfient. Ils jugent que c’est un danger potentiel », souligne Luc Dieu.

Rôle parental

La phobie se développe généralement au cours de l’enfance, lorsque la personnalité n’est pas encore construite. « La personnalité est un amalgame de deux choses, explique Martin Tremblay, une prédisposition à réagir, modelée dans un environnement. » La phobie peut donc être transmise socialement, c’est-à-dire au contact de son entourage, par apprentissage et par observation.

La socialisation de l’enfant et, par conséquent, l’attitude des parents, jouent un rôle important dans le développement de la phobie. Selon le Dr Tremblay, la phobie peut se développer par imitation du comportement des parents.

Jean Rémi Provost croit également que les parents peuvent « exacerber la prédisposition génétique de l’enfant » s’ils ne lui apprennent pas à gérer une situation d’anxiété, mais l’encouragent à adopter un comportement d’évitement. Un parent introverti ou asocial risque d’inciter son enfant à s’isoler de camarades qui auraient refusé de jouer avec lui plutôt que de le pousser à persévérer pour s’intégrer à un groupe de pairs, illustre-t-il.

L’inconnu effraie, mais il est important d’apprendre à affronter ses peurs, et ce, dès l’enfance. Le phobique grandit souvent dans un milieu trop protecteur, croient Jean Rémi Provost et Martin Tremblay. Il n’apprend pas à faire face à des situations difficiles, qui demandent un effort de maîtrise de soi. Le phobique préférerait donc éviter de se trouver dans des situations angoissantes et déstabilisantes plutôt que d’y être confronté.

Les grands classiques

  • Phobie sociale: peur persistante d’une situation sociale ou de performance qui peut exposer la personne au regard attentif des autres
  • Claustrophobie: peur des espaces confinés
  • Arachnophobie: peur des araignées
  • Agoraphobie: peur des espaces libres et/ou des lieux publics.