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Publié le 13 août 2007 par Raymond Viger

La journaliste s’est par la suite plongée dans les récits d’êtres humains qui résistent, qui survivent à des difficultés épouvantables; ce qu’on appelle la résilience. Dans Le mort qu’il faut, Jorge Semprun, un communiste espagnol qui a été emprisonné dans les camps de la mort, raconte comment il a été possible d’y survivre grâce à la fraternité et à l’entraide. « Semprun explore les deux facettes de l’âme, comment l’homme peut être terriblement méchant et solidaire à la fois. Une excellente lecture pour les adolescents. »

Et pas seulement en raison des bienfaits que la littérature apporte à l’apprentissage du français. Anne Panasuk croit qu’elle nous apprend d’abord à vivre. « On lit pour s’élever. Les bons romans permettent d’outrepasser ses petites douleurs et de découvrir de nouveaux aspects de l’humanité. Lire, c’est une ouverture extraordinaire sur le monde. »

De grandes qualités qu’elle retrouve chez Andreï Makine, son auteur fétiche. C’est sans hésitation que la journaliste identifie La Musique d’une vie comme son opus favori. « Je l’offre en cadeau à tous les gens qui me sont chers. Makine fait rêver par les mots. Quand il décrit une gare de l’Extrême-Orient russe par exemple, on peut presque en sentir l’odeur. »

Sa plus récente trouvaille: De Chair et d’Âme de Boris Cyrulnik. « Un essai magnifique sur le bonheur qui n’a rien à voir avec les recettes psycho-pop habituelles. Biochimiquement, il y aurait des petits et des gros porteurs de sérotonine (hormone du bonheur), des gens qui sont donc plus facilement heureux que d’autres. Mais l’essence du propos de Cyrulnik, c’est que ton environnement peut te permettre d’être heureux même si tu n’y es pas prédisposé. Je crois fermement qu’on dépend des autres à ce chapitre. » Enfant de la Deuxième Guerre mondiale, l’auteur a perdu ses deux parents dans un camp de concentration. « Lui-même est un exemple de résilience, il a réussi à être heureux malgré un mauvais départ… Mon père, qui était originaire de Russie, m’a tellement parlé de ses souffrances de jeunesse et d’immigrant, comment c’est difficile de renaître dans une autre vie, que cette idée m’a toujours suivie depuis. »

Outre le récit terrible des épisodes noirs de l’histoire, Anne Panasuk s’accorde parfois des bonbons un peu plus légers. « J’aime tout particulièrement l’anthropologue Serge Bouchard et son ouvrage L’homme descend de l’ourse. Toujours avec humour, Bouchard écrit des petites nouvelles, des réflexions sur des sujets aussi variés que le baseball, le corbeau ou le mélèze. »

De son passé d’anthropologue auprès du peuple Montagnais, Anne Panasuk a aussi conservé un faible pour les légendes amérindiennes. « Ces explications de vie sont plus que des légendes. Il s’agit des mythes fondateurs qui peuvent nous en apprendre beaucoup… » Si l’on se donne la peine de lire entre les lignes bien sûr!