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Si difficile lumière à entrevoir
Tes yeux dans le noir
Qui m’invitent à boire
Coupe jusqu’à ras bord
*
Si délicate attention
Posée aux peines et prisons
Aux braises les tisons
Sous les pieds les tessons
Plantes sanguinaires
*
J’ai si longtemps attendu un geste du monde.
J’ai, sans attendre, accompli les tâches que le destin m’imposait.
Accomplissant un devoir d’Homme, sans autre calcul que de vivre.
Je vous vois, désormais, penchés sur la dépouille fumante.
Six pieds sous terre, mes pensées errent, cherchent en vain le volcan des sacrifices.
*
Pas d’autre pensée que celle, confuse, de n’être déjà plus des vôtres.
A trop plier, l’arbre finit un jour par casser.
Racines à l’air, il agonise lentement dans le dessèchement du feuillage.
Déjà la lèpre et la vermine rongent le tronc lentement façonné.
Une vie de labeur s’écoule en vaines rivières de sève.
*
Pas d’autre attente désormais,
En cet état qui nous laisse affamés de vivre,
Rien d’autre à construire que les subtils rêves,
Et l’écoute, perpétuelle, de vos voix d’enfants qui traversent le silence de la nuit
Résonnant en écho entre les pierres où nos cœurs saignent d’exister en vain.
*
Nous avons bu la coupe jusqu’à la lie
Il nous reste désormais à lire notre avenir
Dans les dépôts vineux qui en salissent le fond
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Manosque, 24 mars 2010
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