Je faisais les cents pas devant un petit café dans le coin de Joliette. Le rendez-vous était prévu à 20 heures bien précises. J’y suis depuis 19h50, je préfère attendre que de faire attendre lors de ces premières rencontres. Elle n’a pas de cellulaire ou peut-être que si et qu’elle n’a pas voulu me donner son numéro de peur que je sois un maniaque qui l’harcellerait jour et nuit pour lui demander si sa culotte est en coton ou en dentelle, noire ou fushia. Bref, je ne peux pas la rejoindre alors je me fis à sa parole et elle sera là à 20 heures comme promis.
Elle est peut-être à l’intérieur du café. Je n’aime pas entrer dans des endroits inconnus seul. J’ai l’impression que tout le monde le constate que je ne viens pas de la place. C’est un petit café tranquille. Il a plusieurs sections. Les gens parlent tout bas, d’autres lisent. Rien avoir avec un Tim Horton. Je n’aime pas trop l’endroit, trop éclairé, trop calme. Je jète un coup d’œil dans tout les recoins, elle n’y est pas. Il n’est que 20h05, pas de panique.
Je vais attendre à l’extérieur et je lui proposerai d’aller à coté. Vue de l’extérieur, ça semble être un petit bar tranquille avec des bonnes bières compte tenu des affiches qui s’y trouvent. Et bon, de l’alcool, ça détend l’atmosphère plus que du café. Elle fini par arriver. Elle est jolie, grande et brune. Ça va jusqu’à présent, je n’ai pas un choc.
Le bar est complètement désert exception faite de quelques habitués accoudés au bar et qui connaissent la serveuse. Le bar étant ce qui semblait être avant une maison, nous choisissons une pièce où il y a un deux divans et une petit table au centre, comme dans votre salon. Elle s’assoie sur un et moi sur l’autre. Pas trop vite.
C’est ici que ça se complique. Je ne sais pas si c’est l’ambiance monotone, les divans en soft touch patchés avec du Duct Tape et pas très confortable ou le fait que j’irais me coucher mais la discussion est ennuyante.
On parle de nos anciennes relations, elle me parle de sa coloc je lui parle de mon travail et je l’écoute sur le sien. Des conversations qui pourraient être intéressante si elle avait le moindre dynamique dans sa voix. Et je ne suis pas placé pour parler, elle ne me donne pas le goût d’en avoir plus. Ou vice versa? Peu importe, c’est plate. En plus, elle boit un café Baileys. Est-ce qu’il y a un verre plus ordinaire à commander un samedi soir à 21 heures? C’est bon, je vous assure, j’aime ça. Mais moi j’ai pris une bière. Prend un drink mais pas un café!
Bien cute la jeune fille mais on dirait que ça ne fit pas avec moi. Et il n’y a rien de mal à ça. J’achève ma bière et je vais lui proposer d’aller dehors tout simplement où je lui dirai que j’ai passé une belle soirée mais sans plus. Elle pleurera peut-être ou pas mais j’aurai été honnête.
Ma dernière gorgée coule lentement dans ma bouche lorsqu’elle me dit les mots magiques.
- Écoute je vais être honnête mais…
Quoi! C’est moi qui voulait le dire en premier. Elle m’a tellement prit de cours. Oui, bien sur, je lui ai dit que moi non plus que ça ne cliquait pas. Mais j’ai été si surpris que j’ai balbutié quelque chose de façon poche, les lèvres encore collées sur mon verre de bière flatte. Je rageais intérieurement de ma réaction si bête. Au lieu de paraître du gars qui se fichait d’elle et qui partageait la même opinion sur la soirée ennuyante, j’ai eu l’air de faire pitié et que ma façon de réagir était de la comédie pour ne pas être seul dans mon bateau.
Je suis revenu chez moi sous la pluie en tapant la tête sur mon steering. Maudit orgueil mal placé.
D.