Magazine Voyages
Arrivée à Douentza à 17h. Pas velléitaires pour deux sous, nous nous lançons immédiatement dans une quête qui nous semblait initialement largement abordable et qui s’est avérée un poil alambiquée : l’obtention de l’horaire de passage du prochain car à destination d’Hombori.
J’interroge un premier homme, maigre, démarche raide, à peine surpris par notre approche, qui nous indique qu’il nous faudra patienter deux bonnes heures. Finalement cela nous laisserait le temps de dîner et de passer un petit coup de fil en France pour diffuser quelques nouvelles du front. Parfait. Nous cherchons par prudence confirmation. Le second malien, que notre requête plonge aussitôt dans un état stuporeux, nous indique qu’il n’y a aucune chance de voir passer un bus par ici avant demain matin, 11h, quelle que soit notre destination d’ailleurs. Le troisième nous annonce un départ à 22h. Nous finissons ainsi par engranger autant de réponses que de personnes sondées (approximativement 7 ou 8, toutes avec un avis bien tranché), et un minimum d’une heure sépare les deux horaires recueillis les plus proches. Mal barrés.
« Allez demander à la gare » finit par nous lancer une jeune femme éclairée. Chouette perspective. Matthieu y fonce, ladite gare se trouve être une petite baraque en lisière de route avec un homme court sur patte, coincé à l’intérieur, le « chef de gare ». Il nous fait payer des billets fictifs nous assurant que le bus s’arrêtera à Douentza entre 20h et 21h. Nous lui confions notre argent, un peu intrépides et notre numéro de téléphone, à sa demande, il nous appellera à l’arrivée du bolide. « Pas de problème ».
21h30. Pas de bus. Au moins, nous avons le ventre plein. 21h45. Toujours rien. Enfin, un brin de lassitude tout de même. A 22h, nous voyons débouler une mobylette chevauchée par le chef de gare, qui se charge de nous conduire chacun notre tour aux portes de l’engin. « Il est recommandé de ne pas voyager de nuit, les bus y sont vieillots » précise le Petit Futé. On confirme. Ce bus est une porcherie roulante dont le sol est jonché de détritus tellement piétinés que l’on ne sait plus trop identifier les choses molles, parfois glissantes, souvent odorantes sur lesquelles on se déplace contraints et forcés pour rejoindre sa place.
Nous essayons de somnoler en restant attentifs au moindre ralentissement. Surtout, ne pas louper l’arrêt.