1942. La guerre fait rage. Pour contrer la stratégie militaire allemande, les Alliés étudient tous les moyens possibles de riposter avec force. Tous ? Oui, tous. Même la construction d’un « navire iceberg », voué à ravitailler les avions et contrecarrer les sous-marins ennemis. Cette idée folle, nous la devons à Lord Mounbatten, dont le conseiller scientifique avait découvert l’extrême résistance de l’assortiment de copeaux de bois et de glace, baptisé Pykrete. L’idée finit par naviguer jusqu’au bureau de Winston Churchill. Le feu vert est donné pour la construction d’un prototype sur le territoire canadien occidental, loin du front et des soupçons.
C’est dans les profondeurs du lac Patricia, en Alberta, que repose actuellement la relique du projet Habbakuk. Plusieurs expérimentations scientifiques avaient été effectuées sur les lacs Louise et Beauvert, au Saskatchewan, dans le Manitoba, et même à Montréal. La carcasse arbore un système de réfrigération, prévu pour maintenir le navire d’un seul bloc.
Comment un porte-avion de glace aurait-il pu résister à une batterie de feu ? Susan Langley, spécialiste en archéologie subaquatique a effectué de nombreuses investigations sur place. Elle livre sa réponse : « La Pykrete, mélange de pâte de bois et d’eau, provoque un renforcement macro cristallin de la glace. Cela signifie qu’un élément microscopique se trouve renforcé par l’accolement d’un élément plus large. Il ne s’agit pas d’une réaction chimique, mais physique. Plusieurs tests avaient été effectués, les meilleurs résultats ayant été obtenus avec l’épicéa, à hauteur de 4 à 10%. » Cette matière composite fond lentement, tout en possédant la particularité de résister aux balles et aux explosions.