Depuis la parution l’an dernier de sa beat tape Breakfast, J-Zen, jeune producteur rennais appuyé par ses acolytes du label Dooinit (fondé en 2007) a fait ce qu’on pourrait appeler un énorme bon en avant. Refusant de se limiter au strict microcosme local ou national, ce beatmaker talentueux s’est offert le luxe d’une session à Los Angeles en compagnie de Dave Cooley, éminence grise du label Stones Throw dont le nom est associé à de franches réussites comme Champion Sound, Madvillainy, Shades Of Blue, The Shining ou encore Carte Blanche de Phat Kat. Quoi de plus logique dirons-nous, quand on est soi même admiratif du travail effectué auparavant par les grandes figures du rap US contemporain que sont MF Doom, Madlib et feu J-Dilla.
C’est donc entre l’hédonisme diffus de la Californie et une chaleur de plomb que Guilty Pleasure a pris corps. Expérience grisante, souvenirs encore palpables de journées passées en studio alors que le soleil inonde l’asphalte étoilé d’Hollywood Boulevard. Los Angeles aura toujours une part de rêve et Guilty Pleasure en est une portion.
Cet onirisme prend ainsi la forme de six titres harmonieux aux instrumentaux soyeux et subtilement élaborés, à l’image de « Foreign Card » au son à la fois aérien et smooth. Le beat tout en retenu démontre une certaine maîtrise de la rythmique élégante qui sait aussi se faire plus ondulatoire sur un « Fadeawaay » servi par l’habileté du flow de Shawn Jackson MC de L.A. Friand de morceaux courts à la manière d’un Donuts, J-Zen produit avec soin des sonorités atypiques (« Le Mot de la fin ») aux réminiscences enfantines (« Whip Cream ») et à la texture évanescente (« Guilty Pleasure Theme »). Par ailleurs, la présence du sympathique rappeur de Baltimore Substantial sur « Iron Horse », confère à l’ensemble un percutant propice aux hochements de la tête qui ravira les amateurs de flows carrés et minutieux à la Kev Brown.
De manière générale, J-Zen nous prouve avec cette galette qu’une ouverture au monde élargit le champ des possibles tout en se faisant plaisir. Ce petit péché mignon qu’il nous offre est un régal qu’on espère pouvoir prolonger à l’avenir. Quant au label Dooinit, celui-ci confirme autant les joies de l’indépendance que ses compétences en matière de management. Alors à quand un album entier ?
Disponible en téléchargement via Amazon.com, I-Tunes et 45 T. En écoute sur http://www.dooinitmusic.com/guiltypleasure.html