Une hausse de la croissance est souvent vue comme le signe d'une reprise de l'économie, même s'il y a beaucoup à dire à ce sujet comme en témoigne la conférence que je donnerai ce mercredi et que je présente ci-dessous. Mais même en admettant que le retour de la croissance soit un signe de reprise, comment expliquer qu'aux États-Unis, pays "d'origine" de la crise des subprimes, on ait cela :
[ Source : Les Échos, 30 avril 2010 ]
Tandis qu'en France, on en reste à ça :
[ Source : Le Point, 13 février 2010 ]
La France se retrouve donc avec une croissance très faible (bien plus faible que celle des États-Unis) alors même que son système financier a été bien moins touché que celui des États-Unis. Et encore, est-il besoin de rappeler qu'en France la croissance est actuellement tirée par des artifices comme la prime à la casse notamment ? La question est donc de savoir s'il existe des moteurs de croissance autonome... et d'éviter de prendre pour de la croissance ce qui n'est qu'un rebond technique !
Pour expliquer cette différence de reprise, Pier Carlo Padoan, chef économiste de l'OCDE déclarait que "le choc a été très rapide et profond aux États-Unis. Il y a l'effet des plans de relance qui ont été très importants et la résilience des marchés, plus importante qu'ailleurs". C'est d'ailleurs ce que l'on constatait au sortir de la crise de la bulle Internet : les marchés américains semblaient capables de retrouver plus rapidement leur vigueur grâce à des mesures de relance bien plus coordonnées qu'en France (et même qu'en Europe !). Ainsi, les États-Unis nous ont montré combien les dogmes pouvaient être mis de côté lorsqu'il s'agissait de sauver leur économie, les nationalisation de banques en étant l'illustration ultime ! Quand on pense qu'au sein de l'Union nous n'avons même pas été en mesure de nous entendre sur un plan de relance dans le seul secteur de l'automobile, cela permet de comprendre l'impact sur la croissance de nos économies : la relance programmée par les uns a pu ainsi se faire en parallèle de la relance des autres, voire carrément au détriment de certains...
Néanmoins, ne perdons pas de vue que, aux États-Unis comme en France, de fortes entraves continuent de peser sur la croissance : le niveau élevé du chômage, la progression lente des revenus, la baisse du patrimoine immobilier des ménages et la difficulté d'obtenir des crédits. Il faudra donc suivre l'évolution de ces différents facteurs dans les mois à venir avant d'en tirer des conclusions certaines.
Toutes ces questions autour de la croissance et de ses limites sont d'une actualité prégnante comme nous venons de le voir. C'est ce qui explique que le public thionvillois de l'Université du Temps Libre (UTL) m'ait demandé d'intervenir sur ce sujet. J'animerai par conséquent, Mercredi 5 mai à partir de 14h30, une conférence à l'Institut Notre-Dame de la Providence à Thionville.
En effet, souvent présentée comme « La » réponse économique aux divers maux de notre société (chômage, bas salaires, petites pensions de retraite, inégalités…), la croissance n’en demeure pas moins un mécanisme quelque peu mystérieux aux yeux du public. C’est pourquoi, cette conférence se propose d’en expliquer les tenants et aboutissants, en commençant par définir précisément ce que les économistes entendent par croissance économique, récession, expansion et dépression. Ceci afin de dresser un état des lieux chiffrés de la croissance et de comparer la France aux autres pays de l’Europe et plus généralement du monde.
Partant de là, la présentation examinera les conséquences d’une croissance forte sur le chômage, la pauvreté et les inégalités ainsi que ses limites écologiques, sociales et politiques. L’exposé se terminera en abordant quelques alternatives à la croissance et aux indicateurs actuels de mesure de la richesse produite dans un pays : voilà l’occasion d’aborder la notion de décroissance…
L'auditoire est alors invité à réagir et poser toutes ses questions.
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