Resterait l’Allemagne, et quelques satellites budgétairement exemplaires, pour revendiquer le label UE, telle une coquille vide de sens. Péril à venir pour une construction européenne qu’aucun n’a voulue politique. A ménager les intérêts de chacun, on en a sacrifié la viabilité globale ouvrant la voie aux charognards. On est arrivé à une complexité institutionnelle tournant à vide où chacun des membres n’a comme obsession que de préserver ses intérêts propres.
Un hommage mérité donc, mais pour une intention brisée ; un anniversaire en forme d’incantation d’un modèle moribond. Bien plus que le coup de férule de Standard & Poor’s à la Grèce, c’est la navrante tergiversation des membres de cet ensemble qui désespère. Piteux spectacle de dirigeants prêts à laisser tomber un des leurs. Là c’est le triple E pointé !
J’étais pour le Oui à la feue Constitution, mais je n’allais sûrement pas contester la légitimité du débat, tout comme la légalité du refus dans les urnes. C’est la gigantesque connerie du Conseil européen dans le choix chronologique des objectifs qui est à stigmatiser.
Autant le dire : on nous a pris pour des cons et aucune réforme réelle n’a eu lieu. Adopter un texte sans modifier ses comportements, c’est se torcher avec ses engagements en se limitant à l’annonce médiatisée. Une pratique politique de plus en plus courante.
Pour Monnet et Schuman, le mal suprême, payé si cher en Europe, est « l’esprit de domination, qui avilit autant celui qui domine que celui qui est dominé. » On n’en est pas loin.