John Powell, Matt Damon et Paul Greengrass se retrouvent tous sur Green Zone, film d’action politique brutal et explosif. Après deux Bourne et Vol 93, reste t-il quelque chose à dire au compositeur anglais ?
Ancien assistant de Patrick Doyle (Much Ado About Nothing, Into the West) et surtout longtemps membre de l’écurie Mediaventures (Hans Zimmer, Klaus Badelt), collègue de Harry Gregson-Williams (Shrek, Chichen Run, Antz), John Powell a acquis depuis quelques années une telle reconnaissance dans le milieu béophile que beaucoup ont oublié son passé “tumultueux”.
Depuis deux ans, Powell s’en sort extrêmement bien : beaucoup de films d’animation comme Bolt de Disney, les films Blue Sky (Ice Age 2 et 3, Horton), voire récemment Dreamworks (le récent How to Train your Dragon). Mais il a surtout connu un certain succès avec The Bourne Identity de Doug Liman, avant de rencontrer Paul Greengrass et de continuer l’aventure sur les deux derniers épisodes de la saga.
Powell aujourd’hui n’a plus grand chose à prouver : comédie romantique, action, blockbuster, aventure, il a touché à tout et a surtout réussi à montrer qu’il a une patte toute bien à lui. Percussions puissantes, crescendos maîtrisés de bout en bout (il suffit d’écouter “Berlin Foot Chase” de The Bourne Supremacy ou “Tangiers” de The Bourne Ultimatum pour comprendre l’étendue de ses capacités), il a réussi à devenir un compositeur à part entière.
Cette nouvelle collaboration avec Greengrass, la quatrième avec Flight 93, n’est clairement pas celle du renouveau. Dans la continuité de ses thématiques arabisantes de Flight 93 et de son talent de compositeur d’action, il dresse dans le film et sur l’album un score efficace, percussif, explosif même, qui montre bien la force du duo acoustique/électronique.
L’album, qui dure une cinquantaine de minutes, se construit petit à petit, est très haletant et débouche sur un final d’anthologie (pour peu que vous appréciez les percussions) avec trois morceaux qui font plaisir. Après, on regrette presque qu’il manque un thème tant l’ensemble est homogène. Un motif réapparait dans l’envolée lyrique de “Chaos / Email” mais il est déjà trop tard. Dans Bourne, son travail sur la mélodie et l’apparition petit à petit d’un thème permettait au troisième opus de prendre une certaine ampleur. Ici, rien de tout ça et c’est bien dommage.
C’est donc avec un sentiment de déjà-entendu mais la satisfaction du travail bien fait qu’on écoutera Green Zone. On attendra avec délectation l’arrivée du prochain film de Doug Liman, présent à Cannes, qui poussera Powell à sortir un peu de ses sentiers balisés.
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