En cette journée mondiale de la liberté de la presse, c'est le nom d'Emadeddin Baghi, 48 ans, qui me vient spontanément à l'esprit. Incarcéré en décembre dernier, ce fervent défenseur des droits de l'homme - tristement habitué à la prison d'Evin, pour y avoir plusieurs fois séjourné - paye le prix, comme tant d'autres, de son franc parler.
Aux yeux des autorités iraniennes Emaddedin Baghi (à qui nous avions consacré un article dans Le Figaro, il y a quelques années) cumule les « crimes ». Il est le fondateur de l'association de défense des droits des journalistes. Il est l'auteur d'un livre censuré, « Le droit à la vie » - qui dénonce la peine de mort -. Il est l'ex-rédacteur-en-chef du journal Jomhouhriat, interdit en 2003. Pire. Lors des dernières élections, il a soutenu ouvertement un des deux candidats réformistes, Mehdi Karoubi, devenu, depuis, un des chefs de file de la contestation. Enfin, le régime lui reproche d'avoir réalisé, il y a deux ans, une interview avec feu l'ayatollah Hossein Ali Montazeri, diffusée après la mort de ce grand clerc dissident....
Dans une lettre qui a récemment fait le tour de l'Internet, à l'occasion de son anniversaire - passé dans sa cellule -, sa fille, Maryam, pousse un cri du cœur. "Ton pêché est d'avoir invoqué la tolérance et la patience, la paix et l'amitié, le respect de la générosité humaine, le droit à la vie", écrit-elle.
En 2005, Emadeddin Baghi avait été distingué, par la France, avec le Prix des droits de l'Homme. En 2009, il a reçu le Prix Martin Ennals. Mais à chaque reprise, les autorités l'ont empêché de voyager pour recueillir ses lauriers.