Drôle, implacable, cruelle parfois… Mireille Loup, 41 ans, n’a pas fini de nous surprendre. Elle vient de mettre en ligne sur son site www.mireilleloup.com l’ensemble de ses vidéos. 16 ans de regards décalés sur sa vie, la société, la relation à l’autre. De l’excellente trilogie « Henri » (1994-1999) dans laquelle Mireille Loup se met en scène dans la peau d’une dizaine de personnages, de la « pauvre fille » amoureuse à la pire des « chiennes » : rencontre avec Henri, la vie avec Henri, la séparation. On la retrouve dans « Mettons-nous à table », avec au menu des relations humaines : disputes, médiocrité, et complicité. A 30 ans, Mireille Loup écrit et filme « Une femme de trente ans ». Lors de sa grossesse en 2006, elle réalise les réjouissantes chroniques de « Grosse ». Entre inquiétudes et idées reçues, et un corps qui devient de plus en plus lourd. A la fois truculent et lucide. On se délecte de la retrouver dans « Banane et Petit Suisse » deux ans plus tard, à travers le décor aseptisé d’un salon. La vidéo est montrée sur écran plat, au fond d’un parc pour enfant en bois blanc. Le spectateur se penche et s’accoude sur le parc enfant pour pouvoir regarder les images…
En 2009, Mireille Loup imagine « Mem », un dispositif photographique et audiovisuel autour de la maternité. La vidéo « Encore des bisous », montrant un garçon de deux ans réclamer des bisous en boucle, est placée en face de « La bouchée », où ce même petit ange avale goulument et au ralenti quelque chose que l’on ne distingue pas. Ce dispositif vidéo est au centre de vingt-deux photomontages poétiques de grand formats. « Mem » a été présenté en février dernier à Shangai lors d’une résidence, invitation de la galeriste Magda Danysz qui représente l’artiste. Un mois plus tard, les vidéos étaient diffusées dans le festival Hors d’œuvre à Shanghai. Par leur esthétisme, les deux vidéos font référence aux images extrêmement blanches, telles des linceuls, de la série photographique « Mem ». Elles évoquent les deux conditions à l’épanouissement de l’enfant, qui ont fait l’objet de plusieurs recherches médicales et sociologiques, notamment auprès des grands prématurés et des orphelins : le besoin pour un enfant d’être nourri, et celui d’être aimé. En 2010, à travers « Epoque 2009 », Mireille Loup se replonge dans le genre des films muets pour parodier notre société. Faisant référence à la crise économique de 2009, elle parle des nouveaux pauvres et du retour aux petits métiers (en cours de remasterisation). A ne pas manquer, la prochaine exposition de Mireille Loup chez Circa dans la cadre du Off des Rencontres d’Arles, où elle montrera un extrait de « Mem ».