La génération « post-Massira » considère que la démocratisation de notre pays se réalise mal, ou au mieux trop lentement à son gré!
Cette exigence du « tout démocratique, tout de suite » m’a toujours semblé un utopique, parce je crois en l’histoire et en l’évolution normale des sociétés.
Les élections législatives anglaises du week-end prochain – exemple parfait de la démocratie telle que comprise par les plus démocrates parmi les démocrates – m’ont amené à me souvenir de comment le Royaume Uni a assuré sa « transition démocratique ».
Il faut remonter très loin dans l’histoire et rappeler avec Michel DUCHEIN, Inspecteur général honoraire des Archives de France, que « l’Angleterre connaît, depuis le Moyen Âge, un système de contre-pouvoir incarné par le Parlement. »
Ainsi, le pouvoir de la monarchie anglaise se trouvait, dès cette époque, endigué : « Face à la « prérogative royale » s’affirme le « privilège du Parlement », dont les deux fleurons sont le droit exclusif de voter les impôts et la liberté d’expression pendant les sessions ».
En 1679, le 17 octobre précisément – il y a bientôt 330 ans - l’Angleterre a connu les premières élections modernes du monde.
Il faut rappeler juste qu’en 1679, la France connaissait l’apogée de la royauté absolue sous Louis XIV.
Les élections anglaises se sont déroulées avec les mêmes partis qui subsistent depuis lors : les « torries », royalistes devenus progressivement « conservateurs » et les « wights », libéraux, remplacés au XIXème par le « Labour » travailliste. Un dernier né tente de se faire une place depuis quelques temps et semble y réussir cette fois : ce sont les «libéraux démocrates », des centristes qui semblent en quête d’identité.
La démocratie anglaise n’est donc pas un produit de génération spontanée, mais le résultat d’un lent et long cheminement historique, social, politique, économique !
Je conseillerai donc à nos jeunes de se pencher sérieusement sur le problème, d’essayer d’en démonter les mécanismes afin de participer efficacement et à leur manière au long cheminement qui aboutira inéluctablement à la mise en place d’une démocratie viable dans notre pays.
Cela prendra du temps !
Il faudra qu’ils oublient l’exemple du Japon qui est passé d’une théocratie, où le chef de l’état était considéré comme un dieu, à une démocratie moderne : une guerre effroyable, des centaines de milliers de morts, des villes rasées, une économie réduite à néant ont été le prix à payer, sans compter la psychologie sociale spécifique des japonais.
Il n’existe pas de pays où la démocratie ait été décrétée, octroyée, ou obtenue par la simple expression de la volonté populaire.
Ni dans l’Espagne de Juan-Carlos, qui semble servir de référence historique à nos jeunes, ni en Corée du Sud, qui se trouve en équilibre démocratique instable.
Pas plus que la démocratie ne peut être « importée » dans les bagages d’une armée d’occupation, comme on essaie de le faire croire pour l’Irak ou l’Afghanistan.
Toutes les démocraties ont été conquises ou construites, dans la douleur et se sont perpétuées dans l’effort et la persévérance!