Magazine Cinéma
J'ai acheté il y a peu de temps un coffret de quatre films de Kieslowski pré-Décalogue (c'est-à-dire avant qu'il soit connu hors de Pologne). J'ai retrouvé les films de Kieslowski comme je les aime : dépouillé, riche en réflexion. Ce film montre comment un humaniste se désociabilise et se finalement se déshumanise happé par la tâche et les lourdeurs hiérarchiques de son entreprise. Il a été choisi pour diriger l'usine car il vient de la région et pourra faire accepter aux autochtones les nuisances passagères nécessaires au progrès. Au fur et à mesure qu'il se laisse piéger dans son rôle d'alibi, il s'isole de ses collaborateurs, ses connaissances et sa famille. La meilleure illustration en est lorsqu'il veut acheter un appareil photo et se retrouve dans la rue, son appareil à la main, à voir défiler l'enterrement de l'oncle d'un journaliste qu'il côtoie très fréquemment. Ce film, tourné en pleine période communiste, montre les résistances de la population face au progrès mais est aussi selon moi une critique en sous-main du système communiste qui en favorisant la communauté nie complètement l'individualité (qui n'est pas l'individualisme !).